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L’éditorial commun signé par plus de 200 revues spécialisées souligne les effets du réchauffement climatique sur la mortalité et la morbidité.

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Opération de dépollution de l’estuaire de la Loire, après une marée noire, en 2008.
Opération de dépollution de l’estuaire de la Loire, après une marée noire, en 2008. (C) ERWAN BALANÇA / BIOSPHOTO / (C) ERWAN BALANÇA / BIOSPHOTO

Les appels de scientifiques à agir fortement contre le réchauffement et l’effondrement de la biodiversité se sont multipliés ces dernières années, mais les éditeurs des principaux journaux de recherche biomédicale manquaient à cette longue liste de lanceurs d’alerte. Lundi 6 septembre, moins d’une semaine avant l’ouverture de l’assemblée générale des Nations unies, plus de 200 revues spécialisées publient le même éditorial enjoignant aux dirigeants de la planète de prendre les mesures nécessaires pour remédier à une situation qualifiée de « crise environnementale généralisée ».

Les plus prestigieuses – le British Medical Journal, le Lancet, le Journal of the American Medical Association (JAMA), le New England Journal of Medicine –, réputées se livrer une concurrence féroce pour la publication des textes et des travaux qui attireront le plus l’attention, ont ainsi mis de côté leur rivalité pour publier, sur deux pages, la même supplique aux responsables politiques.Lire aussi « Nous ne pouvons pas attendre que la pandémie de Covid-19 soit terminée pour réduire rapidement les émissions » de CO2 : l’alerte des principaux journaux médicaux

La raison première de cette prise de position collective est l’impact du réchauffement et de l’érosion de la biodiversité sur la santé. « La plus grande menace pour la santé publique mondiale est l’incapacité persistante des dirigeants à maintenir l’augmentation de la température mondiale en dessous de 1,5 °C et à remettre la nature en état, écrivent les signataires de l’éditorial. Des changements urgents doivent être apportés à l’échelle des sociétés et conduiront à un monde plus juste et plus sain. En tant que rédacteurs en chef de revues spécialisées dans le domaine de la santé, nous appelons les gouvernements et les autres dirigeants à agir, en faisant de 2021 l’année où le monde changera enfin de cap. »

Les particules fines des incendies de Californie

Ces dernières années ont vu un grand nombre de nouvelles recherches documenter les effets du réchauffement climatique en cours sur la mortalité et la morbidité. « La science est sans équivoque, ajoutent-ils. Une augmentation de la température mondiale de 1,5 °C par rapport à la moyenne préindustrielle et la perte continue de biodiversité risquent d’entraîner des dommages catastrophiques pour la santé qu’il sera impossible d’inverser. »

Au cours des vingt dernières années, précisent les auteurs, la mortalité attribuable aux canicules a augmenté de plus de 50 % chez les personnes âgées. Les cosignataires mentionnent les maux directement attribuables à l’élévation des températures – déshydratation, perte de la fonction rénale, complications en cours de grossesse, troubles cardio-vasculaires et pulmonaires, etc. – mais d’autres, indirects, commencent également à être documentés. Les particules fines émises par les incendies géants de Californie, rendus plus fréquents et plus vastes par le réchauffement, ont ainsi des effets mesurables sur la santé des populations (maladies respiratoires, troubles du développement des nouveau-nés, etc.).

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