Michel Fernex nous a quitté . la grande famille des antinucléaires est en deuil

Au moment du sursaut technologique qui s’annonce , ce sont des gens comme lui , Pierre Samuel, Michel Mousel …qui vont nous manquer pour y voir clair

Yves Lenoir a travaillé sur une longue bio, a vous de partager

Les quatre vies exemplaires du Professeur Michel Fernex, consacrées à la Nature, à la Science médicale et à l’Humanité

Michel Fernex est né le 2 avril 1929 . Genève, et décédé paisiblement le 2 octobre 2021 chez lui dans sa maison de Biederthal, entouré des siens. C’est avec une grande émotion et une peine profonde que nous avons reçu la nouvelle et nous exprimons toute notre empathie envers sa merveilleuse famille.

Michel Fernex a donné tout ce qu’il pouvait donner, à sa famille, à la science médicale, à la protection de la nature et à la lutte contre les applications militaires et civiles de l’énergie atomique.Il est allé jusqu’au bout de ses forces, surmontant avec un admirable courage les épreuves que la vie a placées sur sa route durant ces quinze dernières années. Ceux qui l’ont connu, qui ont été reçus dans sa grande et belle maison de Biederthal, qui ont travaillé et milité à ses côtés, ne ressentent pas tant une disparition qu’une absence. Il vit dans leur esprit, dans nos esprits ; il nous sert de boussole et même de guide, mais, bizarrement, il n’est plus là alors qu’on le sent tout proche, fraternel, attentif, réservé , ferme, bienveillant, disponible…

Michel Fernex complétait harmonieusement toutes ces qualités humaines par un défaut, celui d’une peut-être trop grande modestie. Nous ne l’avons jamais vu mettre sa personne en avant. La joie se lisait simplement sur ses traits détendus .éclairés par un regard brillant et un léger sourire ; un froncement de sourcil et une parole impérieuse étaient le signe d’une grande colère ; sa sollicitude s’exprimait par le don désintéressé et sans fioritures de son savoir et de ses conseils. Il n’était pas de ces personnages qui cherchent le devant de la scène, brassent de l’air et font de grands discours pour impressionner leurs semblables.

Quatre vies de front. L’enfance et l’adolescence

Il est le deuxième d’une fratrie de quatre garçons. Un père orthodontiste et Professeur à la Faculté de médecine dentaire de Genève. Ses grands-parents étaient des notables genevois; C’est important de noter le goût pour l’art dans la famille. En effet, Michel et ses frères ont beaucoup dessin. et peint dans leur enfance et leur adolescence. Très tôt, le petit Michel a fait montre d’un amour de la Nature et d’un incroyable sens de l’observation de la vie qui y grouille; La Nature et tout spécialement le peuple des oiseaux, sont ses domaines de prédilection. Très jeune, il fait la connaissance de deux grands naturalistes genevois, Robert Hainard et Paul Géroudet. Ils seront ses Maîtres en observation de la Nature et en ornithologie, des amis avec lesquels il restera lié jusqu’à leur décès. Tant qu’il a conservé l’ouïe, Michel était capable de reconnaître les chants ou les cris de plus de deux cents espèces.

Ainsi, tout naturellement, Michel est-il devenu un naturaliste averti, observateur insatiable des plantes, arbres, insectes et animaux de tous les pays d’Europe, d’Asie, d’Amérique et d’Afrique où il a travaillé.

La Nature, le domaine de sa première vie, indispensable à son épanouissement et son ressourcement ; la Nature dont il notait avec acuité toutes les altérations dues à l’action nuisible de hommes, notamment celles provoquées par les retombées radioactives de Tchernobyl.

Il a donc grandi à Genève, dans une … bonne…famille protestante, fidèle aux traditions du Canton et de son pays, la Suisse. Pendant la guerre, Michel, fut envoyé dans les Grisons, à Zuoz, pour apprendre l’allemand. C’est dans le lycée de cette ville qu’il se lia d’amitié avec Brice de Turckheim, lui aussi passionné de nature ; Brice qu’il appellera jusqu’à la fin de sa vie « son meilleur ami ». C’est ainsi que Michel fit la connaissance de Solange, la soeur de Brice, dont le charm fit tout de suite effet sur lui. Elle aussi ne fut pas indifférente à ce jeune homme si doué en nature, qui passait quasi toutes les nuits de son séjour avec son frère à observer les animaux de la forêt. Il leur fallut pourtant attendre encore près de 10 ans avant que Michel ne la demande en mariage.

Les études supérieures et la carrière médicale ; une vie de famille accomplie aussi.

Michel retourna à Genève après ces vacances. Fini le collège, il commença des études universitaires,choisissant en première année de suivre les cours non seulement de médecine, mais aussi de biologie,car les deux domaines l’intéressaient. Cela en dit beaucoup sur ses capacités de travail hors du commun. Il termina par une spécialité en médecine tropicale, sa profession. Il a pris ensuite un an pour traverser l’Afrique en stop jusqu’en Tanzanie, jusqu’à la côte de l’Océan Indien. Son frère Claude également médecin, lui offrit alors l’occasion de travailler quelques mois à l’hôpital de Sibiti en République du Congo. De retour il étudia l’anatomopathologie durant deux ans à l’Université de Genève et enchaîna avec une thèse sur les pathologies des valvules mitrales et aortiques. Il passa ensuite trois ans à la Polyclinique universitaire de Bâle comme assistant, tout en enseignant à l’Institut de médecine tropicale de la ville. Enfin, il compléta sa formation d’infectiologue durant un an à Paris.

A 28 ans, Michel demande finalement la main de Solange. Ils se marièrent le 13 juillet 1957. Et déjà en septembre ils partaient en 2 CV, direction le Sénégal, pour travailler deux ans à l’hôpital de Dakar, période suivie d’un stage au Mali à l’Institut Marchoux pour étudier la lèpre et les tripanosomiases (la maladie du sommeil). Solange l’assiste dans son travail. Ils auront quatre enfants, Etienne, Antoine, Jean et Marie.

De retour en France ils s’installent dans la ruine de Biederthal en cours de restauration avec les moyens du bord (25 ans pour en venir à bout) dont Solange était tombée amoureuse.

Michel a travaillé dans trois institutions :- Professeur de médecine tropicale .à l’Institut Tropical de Bâle ; – Membre du Comité directeur sur les maladies tropicales à l’OMS pendant quinze ans ; ce travail l’a amené à créer des unités de recherche dans de nombreux pays tropicaux d’Amérique latine, en Inde, en Asie du Sud-Est et en Afrique, principalement pour la malaria multi-résistante, et à mettre au point des médicaments pour traiter la cécité des rivières et l’onchocercose. – Directeur de recherches et de développement chez Hoffmann La Roche où il travaillera 35 ans. Très intuitif et clairvoyant, il développe des médicaments avec des collaborateurs et collaboratrices choisis avec soin : – un anti-paludien, le FANSIDAR ;- mais aussi notamment deux antibiotiques qui sont encore utilisés aujourd’hui

– le BACTRIM qui présente le grand avantage d’être efficace même si l’on n’en prend qu’un, voire deux cachets. En effet, pour des pays du Sud, notamment l’Afrique, il avait compris que plus la posologie était simple, mieux elle serait suivie car les patients avaient souvent à parcourir de nombreux kilomètres pour se rendre à l’hôpital, ou devaient attendre les visites espacées des équipes médicales mobiles (ce médicament présente aussi l’avantage de ne pas créer de résistance, soigne encore des milliers de personnes) ;

et la ROCEPHINE, le plus marquant, un antibiotique puissant, proche de la pénicilline, utilisé entre autre pour soigner des méningites, des pneumonies, la maladie de Lyme et des infections diverses. La Rocephine fait toujours partie de la liste des médicaments essentiels de l’OMS… près de 45 ans après son invention, pour le plus grand bénéfice de la société Hoffmann-La Roche.

Michel, malgré ces succès remarquables, est resté fidèle à lui-même, modeste et discret. Parmi nous qui avons bénéficié de sa participation à nos actions sur le terrain anti-nucléaire et dans l’action humanitaire, bien peu avaient connaissance, ne serait-ce que de bribes, de tout ce que cette seconde vie a apporté à la science médicale et au soulagement des maux de ses semblables.

Solange et la famille.

Solange et lui se sont toujours épaulés dans leurs activités réciproques. Solange fut son assistante médicale en Afrique. Elle relisait les textes de ses communiqués associatifs. Michel apportait son côté scientifique aux engagements nombreux de Solange, tant associatifs que politiques, jusqu’au Parlement européen où elle siégea de 1989 à 1991.

La mort de Solange en 2006 le plonge dans un deuil profond dont il ne sortira que dix ans plus tard, grâce à son engagement associatif et à sa famille.

En 2017, alors qu’il traverse la route sur le passage piéton entre le magasin et la maison, il est bousculé par une moto qui le blesse à l’épaule. Il a dès lors besoin d’une aide à domicile, une de ses petites filles dans un premier temps, puis des professionnelles. Un deuxième accident le fatiguera encore plus, mais ce n’est pas ce qui le retiendra de se rendre au Népal, à 88 ans, pour le mariage de sa petite fille !

Michel était fidèle en amitié, mais aussi aux traditions. …Solange et Michel ont aussi appris l’accueil à leurs enfants, et le respect des autres cultures et religions. Ils ont accueilli deux enfants en difficultés venant de Paris pendant un an. Il y avait toujours un couvert de plus à table, et cela se savait. Le gitan du coin savait aussi que chaque année, Michel lui achèterait une couronne et au moins un panier pour les fêtes de fin d’année.

Une vie de famille inextricablement liée avec ses troisième et quatrième vies.

Le fervent protecteur de la Nature.

Dès son installation à Biederthal, Michel Fernex adhère à la LPO (Ligue pour la Protection desOiseaux). En 1965-66, il est à 1’origine de la création de la station ornithologique de Kembs, sur l’île du Rhin. Quelques années plus tard, étudiant les moustiques dans le cadre de son travail sur lе paludisme, il découvre le site de се qu’on n’appelait pas encore la Petite Camargue Alsacienne (PCA). Des menaces pèsent sur ce site où des camions de gravats et de déchets sont déversés dans les bras morts et les zones humides. Pour convaincre les élus locaux de l’intérêt de се trou à moustiques, il organise des sorties matinales afin de leur faire prendre conscience de lа richesse et de lа beauté de l’endroit. Avec l’association des Amis de lа РСА, fondée en 1975, il obtiendra en 1982 lа création de la première Réserve Naturelle d’Alsace. Pour défendre cette nature qu’il aime tant, Michel s’engage à l’AFRPN, aujourd’hui Alsace Nature, dont il fait partie du СА entre 1970 et 2000. Il soutient Solange,leur fils Antoine et d’autres personnes durant leur jeûne de 28 jours contre l’installation d’une usine de plomb qui aurait nécessité le défrichement de la forêt de Markolsheim, une des dernières forêts rhénanes ! ! ! Il a également participé à la création du Conservatoire des Sites Alsaciens (CSA) dont le but est de louer ou d’acquérir des sites pour mieux les protéger grâce à une gestion respectueuse des espèces animales ou végétales particulières qui у vivent. Dans son désir de partager ses connaissances naturalistes, avec l’appui de la Société lndustrielle de Mulhouse il relance le COSCINAT (Comite des Sciences de la Nature) qu’il présidera durant 30 ans. Се groupe de passionnés organise des conférences, des expositions et des sorties. Parmi les invités de marque, Edward Goldsmith, le fondateur des Amis de la Terre (Grande-Bretagne) venu en 1972 présenter son livre . Changer ou disparaître .. Il participe à la publication de nombreux bulletins (17vol.) trés documentés sur la nature en Alsace qui sont devenus des références. Il constitue la première banque de données ornithologiques de la région, et réalise des recensements d’oiseaux migrateurs ou hivernant sur le Rhin.

Pendant plus de trois décennies, Michel а été avec Solange un agitateur ou plutôt un activateur de la protection de la nature en Alsace. En avance sur son époque, il n’a pas toujours été bien compris ou accepté.

L’opposant à l’énergie atomique et le combattant pour la vérité sur ses dégâts.

Jusqu’à l’accident de Tchernobyl, le 26 avril 1986, Michel est resté en retrait des actions de Solange,très engagée dans les luttes anti-nucléaires depuis les années 1970. Il l’assistait, la soutenait et prenait sa part. Surtout préoccupé par le risque de guerre atomique (c’était l’époque où Ronald Reagan faisait monter la tension), il adhère en 1985 à la section suisse de l’association IPPNW (International Physician for the Prevention of Nuclear War), qui venait d’être distinguée par le Prix Nobel de la Paix !

L’explosion du réacteur 4 de Tchernobyl, l’énormité et l’étendue des retombées radioactives de la catastrophe – l’équivalent de ce qu’aurait laissé une bataille atomique aux confins de la Russie, de l’Ukraine et de la Biélorussie – le motiva pour s’engager définitivement et sans réserve dans la lutte contre le nucléaire civil et pour s’attacher à convaincre IPPNW Suisse d’en faire autant, ce qui n’était pas acquis a priori. Le médecin qu’il était entra alors dans l’arène où s’affrontent depuis plus de trente cinq ans, d’un côté les tenants de la vérité sur les conséquences sanitaires multiples et complexes des retombées radioactives – un véritable désastre historique-, et de l’autre les portes-parole d’instances internationales attachées à en nier la quasi-totalité.

Michel était, comme on dit en anglais, un World Class Senior Scientist. Il est l’un des rares hommes de science de ce niveau à avoir épaulé sans restriction toutes les associations et personnes qui sollicitaient ses connaissances, son témoignage ou son aide. Il a ainsi apporté un inestimable crédit aux informations de terrain, aux données statistiques collectées sur l’évolution du tableau clinique et aux revendications des populations exposées à la radioactivité. Il a joué le rôle d’un pont entre les scientifiques, médecins et associations russes, biélorusses et ukrainiens avec leurs homologues en Allemagne, France, Suisse, Grande-Bretagne etc. Mais il n’a, hélas, pas réussi à briser le mur du mépris que les experts de la protection radiologique internationale porte à tous ceux qui, comme Michel, étant étrangers à leur milieu – donc forcément incompétents, osent contester leurs paroles d’évangile !

De ses très nombreuses interventions, citons :

– participation aux sessions du Tribunal des Peuples sur Tchernobyl (Vienne 12-15 avril 1996), dont les minutes furent publiées dans une demi-douzaine de langues ;- organisation de deux Congrès IPPNW, à Bâle, le 15 février 2003 sur l’état de santé des enfants de Tchernobyl, et à Berne, le 12 novembre 2005 consacré au destin tragique des liquidateurs ; – nombreuses rencontres consacrées aux associations, par exemple . celle appelée Les Enfants deTchernobyl, fondée en 1993 pour accueillir chaque année durant quelques semaines dans des familles alsaciennes des dizaines d’enfants ukrainiens venant de districts fortement contaminés. Autre exemple,un quart de siècle écoulé, en mai 2012, un an après l’accident de Fukushima, .âgé de 83 ans, il prit son bâton de pélerin pour apporter toutes ses connaissances et son attention aux habitants victimes de la radioactivité et aux associations, médecins et scientifiques qui leur venaient en aide. Voyage symbolique aussi qui le vit passer à Hiroshima, Kyoto, Tokyo et Fukushima, un voyage organisé par le Dr Eisuko Matsui et l’écrivain-journaliste Kolin Kobayashi. Le contact déboucha sur la création d’un groupe de travail comprenant notamment le Dr Matsui, des médecins de IPPNW Suisse, dont Michel Fernex, et un juriste international, le Pr Michel Prieur. L’initiative ouvrit la voie à des participations au Symposium sur les aspects médico-légaux d’un désastre nucléaire et les droits humains (Uni.Waseda, Tokyo, 14-15 octobre 2014), et . l’organisation d’un colloque indépendant reconnu Nuclear Disaster and Human Rights, en marge d’une Conférence de l’ONU sur Fukushima (Senda., 14-18mars 2015) ;- cinéastes et auteurs préparant un film ou un livre sur Tchernobyl venaient à Biederthal chercher informations, références, conseils et témoignages, et c’est bien volontiers qu’il s’appliquait à leur donner satisfaction, et à leur faire partager son expérience de la lutte pour la vérité. Ses contributions aux luttes sur le terrain de Tchernobyl furent décisives, on s’en rend mieux compte en portant un regard rétrospectif.

Dans les années 1990, au gré de ses déplacements dans l’ex-URSS il établit des liens avec des personnalités :- l’académicien biélorusse Vassily Nesterenko, physicien nucléaire militaire au centre de recherche de Sosny près de Minsk ;- l’académicien Alexey Yablokov, conseiller pour l’écologie du Président Boris Eltsine ;- l’académicienne Roza Goncharova, Directrice du centre de recherche en cytologie et génétique de l’Académie des sciences biélorusses à Minsk ; – le professeur Youry Bandazhevsky, anatomopathologiste, fondateur et premier Recteur de l’Institut médical d’Etat de Gomel de 1990 à 1999, et sa femme Galina Bandazhevskaya, cardiologue dans un h.ôpital pédiatrique de Minsk ;- et bien d’autres dont il contribua à diffuser les travaux les plus marquants via la grande revue médicale suisse, Swiss Medical Weekly, à savoir ceux de V. Nesterenko, G. Bandazhevskaya, Y.Dubrova, G. Lazjuk, A. Okeanov et de leurs co-auteurs. Vassily Nesterenko, héros de Tchernobyl, abandonna ses fonctions officielles après l’accident pour consacrer le reste de ses jours (jusqu’au 28 avril 2008) à la protection radiologique des habitants du Belarus. A cette fin, en octobre 1990, après avoir fait fabriquer et distribuer des centaines de milliers de compteurs Geiger, il créa l’Institut indépendant BELRAD. Roza Goncharova se lança dès 1986 dans l’.étude des instabilités génomiques dues aux radiations dans les populations de campagnoles roussâtres pullulant dans et autour de la zone d’exclusion de la centrale. Youry Bandazhevsky a dirigé des programmes scientifiques liés à l’influence des radionucléides incorporés sur les organes et systèmes vitaux d’une personne, jusqu’à sa condamnation à 8 ans de prison pour corruption (un grand classique…) par un tribunal militaire le 18 juin 2001.

Au tournant des années 2000, la vulnérabilité du dossier des tenants de la vérité sur les séquelles de Tchernobyl sauta aux yeux de Michel Fernex. Il prit l’initiative stratégique de faire traduire et publier les contributions les plus significatives, comme évoqué ci-dessus. Mieux, avec la collaboration et sous le contrôle du centre de recherches nucléaires de Jülich en Allemagne, il organisa une expérience à double insu sur l’efficacité de la pectine pour accélérer l’élimination du césium radioactif incorporé ,une propriété contestée par… les négateurs des effets sanitaires de l’accident et ceux dont ils avaient, et ont toujours, l’oreille au sein des instances ad hoc de la Commission européenne. Sans ces initiatives pour la reconnaissance de travaux scientifiques essentiels, il est assez probable que les attaques convergeant de tous les azimuts contre l’Institut BELRAD auraient réussi et auraient alors parachevé l’effet du tarissement progressif des subventions publiques entre 1995 et 2000. De même, on peut raisonnablement penser que les publications dans le SWM des travaux du couple Bandazhevsky ont servi la campagne internationale et l’intervention de l’Ambassadeur de France Chmelevsky, pour obtenir la libération anticipée de Y. Bandazhevsky, peu avant le 20ème anniversaire de l’accident.

Entre temps, seconde opération stratégique, le 1er avril 2001, réunis à Biederthal, Michel, Solange Fernex et leur fils Etienne,Vassily Nesterenko et Wladimir Tchertkoff fondèrent l’association Enfants de Tchernobyl Belarus, dans le but pérenniser le financement de l’Institut BELRAD et la diffusion de l’information sur la situation sanitaire réelle dans les régions contaminées.Les premières années ont été difficiles, dramatiques même. ETB aurait sombré en 2006 – et BELRAD aussi – après le décés de Solange, sans l’intervention de l’association . Les Enfants deTchernobyl ., présidée par Thierry Meyer. Puis, ETB n’aurait pu apporter à BELRAD le soutien financier indispensable à la poursuite de son redressement sans les contributions des trois années 2007 2009 de la Fondation France-Libertés, que présidait alors une grande amie de Solange, Madame Danielle Mitterrand.

Michel Fernex a présidé ETB de 2006 à 2010 et est resté très actif au sein de l’association jusqu’en2017, année où il se rendit en Limousin, en août, pour La Fête qui a du sens, organisée au bénéfice d’ETB par son ami le Pr Prieur et à Paris, en novembre, au Forum Social Mondial sur le Nucléaire. Rétrospectivement, tout tient d’un miracle, produit des circonstances, du courage d’un héros sans pareil, Vassily Nesterenko, et de solides liens tissés durant la décennie 1990. Ce qui a été construit et maintenu est unique. Il n’existe rien d’équivalent, ni en Russie, ni en Ukraine, ni au Japon de l’après Fukushima.

Unique et infiniment précieux. C’est l’héritage que Solange et Michel nous ont confié. Yves LENOIR

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