l’Eolien flottant grande vedette des prochaines assises EMR

Le 14 JUIn les assises des énergies renouvelables marines du SER précédent les officielles assises des énergies marines renouvelables au Havre (15 et 16 JUIn) Malheureusement on n’y parlera presqu’exclusivement que de l’éolien flottant. Pour l’instant quasi seule techno mature en termes d’EMR. Donc réjouissons nous au moins de cette avancée avec ce texte des experts de l’Usine NOuvelle

L’éolien en mer flottant : une filière clé de la transition énergétique en France

Pour le vice-président Eolien Offshore Flottant de Technip Energies, Willy Gauttier, la France possède deux atouts pour le développement de l’éolien en mer flottant : la longueur de son littoral et son industrie parapétrolière, qui est à même de soutenir le développement de cette filière. 

[Les experts de l'Usine] L’éolien en mer flottant : une filière clé de la transition énergétique en France
Pétroliers et parapétroliers investissent dans le développement des flotteurs pour éoliennes en mer.

Accélérer le développement de l’éolien en mer, c’est le message qui a été envoyé par l’Etat à la filière de l’éolien le 14 mars dernier par la signature d’un « pacte éolien en mer » venant sceller la promesse d’une très forte ambition formulée par le Président de la République quelques semaines plus tôt. Cela se traduira par « un volume minimal d’attribution d’appels d’offres de 2 GW par an pour l’éolien en mer dès 2025 », et « par la fixation d’un l’objectif de 20 GW attribués en 2030 pour atteindre une capacité de 18 GW en service en 2035 et de 40 GW en 2050 ».

Cet engagement nouveau s’inscrit pleinement dans la lignée des scénarios envisagés par RTE dans son rapport « Futurs énergétiques 2050 ». Ses conclusions sont formelles : les énergies renouvelables sont indispensables pour décarboner le mix énergétique de la France et garantir sa sécurité d’approvisionnement. Ce dernier enjeu est tragiquement illustré à travers le bouleversement géopolitique à l’œuvre sur le continent européen.

Dans ce contexte, l’éolien et plus précisément l’éolien en mer, constitue un levier essentiel. C’est dans cette optique que les professionnels de la filière éolienne offshore, réunis au sein de France Energie Eolienne et du Syndicat des énergies renouvelables, ont publié le 2 décembre dernier une feuille de route concrète et réaliste pour développer 50 gigawatts (GW) d’éolien en mer en France d’ici à 2050 (1) soit l’équivalent d’une trentaine de tranches nucléaires de type EPR. Dans cette perspective, la filière de l’éolien flottant présente un potentiel de croissance considérable, tant à échelle nationale que mondiale du fait de la multiplication des projets à travers le monde. La France a ici une très belle double carte à jouer, grâce à ses longues côtes maritimes mais aussi par le biais de ses leaders industriels et technologiques capables de proposer des équipements innovants basés sur des savoir-faire éprouvés.

Et au commencement, il y eut l’éolienne posée

La première éolienne en mer posée a été installée en 1991 au Danemark. 30 ans après, le secteur arrive à maturité avec un marché devenu mondial : plus de 35 GW ont été installés en 2020, 234 GW sont annoncés pour 2030 (2), soit l’équivalent de plus de 4 fois la consommation annuelle d’électricité en France. Les parcs Français issus du premier appel d’offres datant d’il y a 10 ans sont tout juste en construction avec les premières éoliennes qui viennent d’être installées sur le parc de Saint Nazaire, mais une volonté d’accélération est palpable au plus haut sommet de l’Etat. Pour preuve, le Premier ministre a également annoncé le 14 mars, les zones retenues pour les projets d’éolien flottant en Méditerranée et le lancement de la procédure de mise en concurrence pour le développement des deux premiers parcs. De son côté, la Commission de régulation de l’énergie a récemment donné son feu vert à la procédure de mise en concurrence des projets éoliens flottants en Méditerranée, et recommande de « simplifier et d’accélérer la procédure de mise en concurrence » jugeant que « le calendrier des projets demeure trop long au regard des enjeux actuels et tout doit être mis en œuvre pour réduire ces délais ».

Les premiers parcs français actuellement en construction, développés avec la volonté de création d’une filière nationale, ont donné l’impulsion à des investissements massifs dans des usines de fabrication d’éoliennes au Havre, à Saint-Nazaire, ou à Cherbourg, créant près de 5 000 emplois en France sur toute la chaine de valeur du secteur.

L’éolien flottant, la nouvelle frontière des renouvelables offshore

Si l’éolien en mer est une source de production d’énergie compétitive et propre, son implantation se limite à une profondeur d’eau d’une cinquantaine de mètres pour les fondations dites « posées » en zone littorale. Pour aller au-delà, il faut des éoliennes avec des fondations dites « flottantes », ce qui exige de nouvelles technologies : c’est la nouvelle frontière à franchir afin de tirer avantage du potentiel extraordinaire de nos côtes. La première éolienne flottante a été conçue, construite et installée en 2009 en Norvège par 200 mètres de fonds par une entreprise française : Technip. Depuis, plusieurs démonstrateurs et projets de fermes pilotes ont vu le jour. La visibilité du secteur accélère maintenant avec le lancement de plusieurs parcs en Asie et en Europe et particulièrement en Ecosse qui a alloué, en janvier dernier, 17 projets éoliens en mer posés et flottants au large de ses côtes.

En France, quatre projets pilotes sont en cours d’exécution. Les pouvoirs publics ont lancé avec succès en septembre dernier le premier appel d’offre mondial pour une ferme éolienne flottante commerciale de 250 MW en Bretagne et 2 x 250 MW en Méditerranée. Par ailleurs, la France peut compter sur ses territoires d’outre-mer où l’éolien flottant pourrait avantageusement contribuer à l’objectif fixé par la loi d’autonomie énergétique en 2030. Cela constituerait un réel tremplin pour l’export à l’International.

Trois types de flotteurs développés avec les parapétroliers

Avec des technologies éprouvées et des équipements performants, le secteur parapétrolier est aujourd’hui un acteur essentiel dans la mise en œuvre des projets éoliens flottants. En effet, si les éoliennes utilisées sont très proches de celles pour l’éolien posé sur le fond marin, les fondations flottantes sont quant à elles plus spécifiques, avec des systèmes d’ancrage qui sont tous issus de l’industrie parapétrolière. Trois types d’installations issus des activités offshore traditionnelles et qui ont toutes fait leurs preuves sont aujourd’hui disponibles :

  • La plateforme SPAR qui est une structure cylindrique en forme de crayons ayant un tirant d’eau important.
  • La plateforme semi-submersible, qui peut être une barge ou être composée de trois ou quatre cylindres reliés entre eux pas un treillis métallique.
  • La plateforme à ancrage tendu (TLP) qui est reliée au fond de la mer par des câbles d’acier tendus.

Au-delà de l’apport technologique, l’expertise des acteurs parapétroliers dans la logistique et la réalisation de projets offshore de taille critique est également un atout dans la construction de parcs éoliens flottants. De par la taille des équipements et leur technicité, l’installation de ces projets nécessite une logistique portuaire et des moyens maritimes que les industriels offshore maitrisent depuis longtemps.

L’offshore flottant, une opportunité de croissance économique bas carbone

L’éolien offshore flottant recèle un énorme potentiel dans le mix électrique décarboné. Soutenues par la baisse des coûts et les engagements internationaux en faveur de la transition énergétique, plus de 234 GW (3) de nouvelles capacités éoliennes en mer seront ajoutées dans le monde d’ici 2030, dont jusqu’à 25 GW d’éolien flottant. La technologie des turbines s’améliore rapidement en termes d’efficacité et de résilience, ce qui entraînera une réduction des coûts d’exploitation et une utilisation accrue de ce type d’équipement. Pour devenir une réalité, ces perspectives impliquent de développer des partenariats existants ou nouveaux pour permettre une industrialisation des solutions technologiques dans l’intérêt de la filière française. Sur la base des volumes annoncés par l’Etat et sous réserves de délais de développement raccourcis, la filière industrielle Française sera en mesure de développer de nouveaux moyens comme des usines de fabrication de modules de flotteurs, une chaine d’approvisionnement pour les lignes d’ancrage, des infrastructures portuaires capable d’assembler des flotteurs et des turbines en grande série et qui pourra servir de hub à la fois pour l’Europe du Nord et la Grande Bretagne en particulier mais aussi pour la bassin Méditerranée en pleine expansion, des moyens maritimes dédiés à l’installation et la maintenance des parcs éoliens flottants. À la clé une nouvelle industrie florissante qui sera génératrice d’emploi et qui dynamisera les Régions.

Willy Gauttier, VP Eolien Offshore Flottant de Technip Energies

Les avis d’experts sont publiés sous l’entière responsabilité de leurs auteurs et n’engagent en rien la rédaction de L’Usine Nouvelle. 


(1) https://fee.asso.fr/wp-content/uploads/2021/12/2021-11-02-CP-FEE-SER_Propositions_offshore.pdf

(2) source GWEC

(3) https://gwec.net/gwec-offshore-wind-will-surge-to-over-234-gw-by-2030-led-by-asia-pacific/

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