REMANIEMENT

. Au moins quatre ministres devront quitter le gouvernement, et de nouveaux postes devraient venir compléter l’équipe actuelle. Mais Emmanuel Macron va prendre son temps pour ce nouveau remaniement ministériel.[« Le remaniement sera fait au moment voulu, on le fera dans les semaines qui viennent », a déclaré la porte-parole du gouvernement, Olivia Grégoire, ce jeudi matin sur Franceinfo. Après des législatives édifiantes pour le parti présidentiel, Emmanuel Macron n’a pas le choix : il doit procéder à un remaniement ministériel. Au moins pour remplacer les trois ministres battues aux élections : Brigitte bourguignon (Santé), Amélie de Montchalin (Transition écologique) et Justine Benin (Mer). Ces dernières, comme l’avait précisé l’Elysée avant les législatives, devront remettre leur démission. Le départ de Yaël Braun-Pivet du ministère des Outre-mer est également à prévoir, puisque cette dernière a été choisie par les députés LREM pour candidater à la présidence de l’Assemblée, qu’elle devrait décrocher sans mal mardi 28 juin.

En plus de ces postes à remplacer, le gouvernement devrait s’élargir à à de nouveaux postes, notamment de secrétaires d’Etat et de ministres délégués. C’est ce qu’avait laissé entendre Olivia Grégoire suite au remaniement du 20 mai 2022, affirmant que des portefeuilles seraient sûrement créés pour les secteurs du transport, du logement et du numérique notamment. Enfin, Emmanuel Macron et ses fidèles semblent ouverts à l’idée de tenir compte des élections législatives pour élargir le gouvernement à des personnalités d’autres formations politiques. Le chef d’Etat a toutefois balayé, dans son allocution de mercredi soir, la possibilité d’un gouvernement d’union nationale, un temps suggérée, alléguant : « La plupart des dirigeants que j’ai reçus ont exclu l’hypothèse d’un gouvernement d’union nationale, laquelle, d’ailleurs, n’est, à mes yeux, pas justifiée à ce jour. »

Discours de Macron : résumé et réactions après l’allocution du 22 juin

Mais comme pour le remaniement précédent, Emmanuel Macron va sûrement prendre son temps. Il aura lieu « dans les semaines qui viennent », c’est tout ce qu’a lâché Olivia Grégoire ce matin sur Franceinfo, affirmant ne pas être en mesure de donner de date précise. Mardi 22 juin, Emmanuel Macron a refusé la démission de sa Première ministre, Elisabeth Borne. Celle-ci, comme le veut la tradition, a déposé une démission de courtoisie deux jours après les législatives. Mais Emmanuel Macron a choisi de la maintenir dans ses fonctions, « afin que le gouvernement puisse demeurer à la tâche et agir en ces jours », a indiqué l’Elysée à l’AFP. Plusieurs conseillers de l’exécutif ont confié au site Politico qu’il s’agissait de ne pas laisser Elisabeth Borne à la tête d’un gouvernement « d’affaires courantes » pour les trois semaines à venir. Un façon aussi de délayer le remaniement, alors que l’agenda de l’Elysée est chargé, avec une série de sommets pour le Conseil européen, le G7 ou l’Otan, et que des décrets devaient être signés en urgence par Elisabeth Borne, selon les informations du Monde.

Quelle est la date du remaniement du gouvernement Borne ?

« Le remaniement sera fait au moment voulu, on le fera dans les semaines qui viennent », a déclaré Olivia Grégoire, la porte-parole du gouvernement, ce jeudi 23 juin sur Franceinfo. La recomposition du gouvernement Borne est prévue mais l’exécutif n’a avancé aucune date précise pour la nomination de la nouvelle équipe ministérielle. Le refus de la démission d’Elisabeth Borne par le chef de l’Etat, mardi 21 juin, et les déplacements d’Emmanuel Macron, semblent repousser le remaniement à la semaine prochaine au plus tôt. Les informations de la newsletter Playbook par Politico évoquent même un délai de trois semaines. Le président et la Première ministre pourraient aussi attendre l’élection de la présidence de l’Assemblée nationale, prévue le 28 juin : si, comme c’est très probable, Yaël Braun-Pivet décroche ce poste, il faudra également lui trouver un remplaçant au ministère des Outre-mer. 

Qui va quitter le gouvernement lors de ce remaniement ?

Battues aux élections législatives dans leurs circonscriptions, la ministre de la Transition écologique Amélie de Montchalin, celle de la Santé Brigitte Bourguignon et la secrétaire d’État chargée de la Mer Justine Bénin devront bien démissionner du gouvernement. C’est la règle posée par l’Elysée avant les élections législatives. Mais l’exécutif ne les presse pas à déposer leur démission : « Il ne vous a pas échappé qu’elles sont encore au travail », a pointé Olivia Grégoire sur Franceinfo ce jeudi matin. « Elles démissionneront, évidemment. La règle est très claire. Ce remaniement sera fait au moment voulu, on le fera dans les semaines qui viennent. » Le gouvernement se séparera donc de trois femmes, ce qui mettra un sacré coup à la parité, jusqu’alors respectée. Le départ probable de Yaël Braun Pivet pour la présidence de l’Assemblée nationale ajoutera au déséquilibre. Il s’agira donc, pour Emmanuel Macron et Elisabeth Borne, de trouver quatre femmes pour intégrer le gouvernement.

En revanche, Chrysoula Zacharopoulo, secrétaire d’Etat chargée du développement, de la francophonie et des partenariats internationaux, ne voit pas son poste inquiété pour l’instant, malgré les deux plaintes pour viol dont elle fait l’objet. Les affaires ont été révélées par Marianne mercredi 22 juin et remontent aux années où l’actuelle secrétaire d’Etat exerçait en tant que gynécologue. Une enquête a été ouverte en mai par le Parquet de Paris. Ce jeudi 23 juin sur Franceinfo, la porte-parole du gouvernement, Olivia Grégoire, a exclu le départ de Chrysoula Zacharopoulo du gouvernement du moment que les plaintes n’ont pas donné lieu à des décisions de justice.

Qui est pressenti pour devenir ministre de la Santé ?

Des pistes sérieuses sont envisagées pour prendre la relève de Brigitte Bourguignon à la Santé. Des noms déjà évoqués avant le remaniement du 20 mai 2022 figureraient dans les listes des prétendants notamment celui du Républicain Philippe Juvin, député LR des Hauts-de-Seine et médecin anesthésiste-réanimateur de formation. Issu de la droite, l’élu qui est favorable à « un accord un peu à l’allemande » entre LR et LREM est considéré comme Macron-compatible. Avec un pied dans le monde médical et un autre dans la politique, le député s’inscrirait dans la continuité d’Olivier Véran au ministère de la Santé, à la différence près de l’orientation politique. 

Toujours inspiré par la nomination d’Olivier Véran en 2020, l’exécutif pourrait également décider de confier l’avenue de Ségur à un conseiller politique car avant d’être nommé au gouvernement, le neurologue était le référant santé d’Emmanuel Macron depuis la campagne présidentielle de 2017. Le médecin urgentiste François Braun, la kinésithérapeute libérale et présidente du Conseil national de l’ordre des kinés Pascale Mathieu et l’anésthésiste-réanimateur Sébastien Mirek pourraient alors être dans la liste des ministrables. Tous les trois sont les référents santé de LREM depuis janvier 2022 et ont été consultés pour construire le programme santé d’Emmanuel Macron lors de la présidentielle. Anne-Marie Armanteras de Saxcé, la conseillère d’Emmanuel Macron chargée de faire le lien avec le Conseil scientifique pourrait aussi être une prétendante sérieuse pour la Santé.

Le gouvernement sera-t-il élargi avec le remaniement ?

Par ailleurs, lors du remaniement du gouvernement à venir, de nouveaux ministères devraient entrer dans la liste des prérogatives du gouvernement. Lorsque la liste des portefeuilles a été dévoilée fin mai, la surprise avait été grande chez les professionnels du secteur du logement, mais aussi des transports et du numérique, de ne voir aucune personnalité être nommée en charge de ces domaines. Face à la polémique, Olivia Grégoire, la porte-parole du gouvernement, avait vite évoqué un élargissement du gouvernement après les législatives : « Il y aura très certainement de nouvelles personnalités au sein du gouvernement spécifiquement dédiées par exemple aux transports, au logement, sous la supervision de la ministre Amélie de Montchalin, directement placée sous la Première ministre. » Il faudra pourtant mettre en place un tout autre plan, Amélie de Montchalin s’apprêtant à quitter le gouvernement.

Cependant, la nomination de nouveaux ministres, ministres délégués et secrétaires d’Etat n’est peut-être pas la priorité d’Emmanuel Macron et selon son entourage, l’élargissement du gouvernement pourrait être remis à plus tard. « Pour le reste du gouvernement élargi, rien n’oblige à faire ça maintenant », expliquait une source proche de l’exécutif à TF1 le 20 juin, affirmant que l’attribution des portefeuilles restants pourrait être l’occasion de réétudier la place de chaque ministre au gouvernement et de teinter d’une nouvelle couleur politique l’équipe gouvernementale, et ainsi montrer que le message des élections législatives a été entendu. « Il faut refaire l’équilibre, en rajoutant de la gauche et de la droite », assurait ainsi une conseillère à l’AFP.

Elisabeth Borne toujours Première ministre après le remaniement ?

Elisabeth Borne a donc remporté les législatives dans la 6e circonscription du Calvados, mais un coup de théâtre politique n’est pas à exclure au vu du résultat de la coalition Ensemble (LREM, MoDem, Horizons, Agir) aux législatives. En échouant à remporter la majorité absolue, l’alliance mise en place derrière Emmanuel Macron se retrouve en difficultés. L’ancienne ministre du Travail mais aussi des Transports pourrait être fragilisée. Le président pourrait réfléchir à un changement de Première ministre, bien qu’à ce stade, cette hypothèse n’ait jamais été évoquée.

Dans l’opposition les voix s’élèvent dans tous les camps pour demander la démission d’Elisabeth Borne, La France insoumise promet même le dépôt d’une motion de censure à l’Assemblée nationale le 5 juillet pour tenter de renverser le gouvernement et voir une autre personnalité à Matignon. Jean-Luc Mélenchon, mais aussi l’écologiste Julien Bayou ont appelé la ministre et son gouvernement à se soumettre à un vote de confiance à l’Assemblée, ce que la Première ministre n’a ni encore ni promis, ni exclu. La légitimité et la capacité d’Elisabeth Borne à tenir Matignon interrogent également dans les rangs de la majorité présidentielle. Dans les colonnes du Monde, plusieurs cadres du parti estiment que la « technicienne n’a pas les épaules » pour se confronter à l’Assemblée électrique remplie d’insoumis et de frontistes. « Je pense que les temps exigent que le Premier ministre ou la Première ministre soit politique, qu’on n’ait pas le sentiment que c’est la technique qui gouverne le pays, mais au contraire les sentiments profonds qui s’expriment dans le peuple », a déclaré de son côté François Bayrou, mardi 21 juin. D’autres, cependant, sont là pour prendre sa défense : « Elle nous fait beaucoup travailler ! Elle est à son poste », a par exemple déclaré Gérald Darmanin à la presse mercredi 22 juin. « Elisabeth Borne ne manque pas de profil politique, elle n’a pas été nommée par hasard Première ministre », a dit pour sa part sur France 2 Aurore Bergé, présidente du groupe LREM à l’Assemblée, ce jeudi. Pour le LR Michel Barnier, interrogé mercredi 22 juin, Elisabeth Borne « est légitime, parce que c’est le président de la République qui l’a désignée ».

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