Ouest France: Les coulisses de l’accord « historique » à l’Onu pour la haute mer racontées par Hervé Berville

ON en sait un peu plus sur l’accord océan et analyse plus compléte encore à venir aprés analyse de l’IDDRI le 15 Mars . L’acord est signé, il faut maintenant que les Etats le ratifient popur qu’il entre en application

Les États membres de l’Onu ont finalisé le premier traité international de protection de la haute mer. L’accord prévoit la création d’aires marines protégées ou le partage des ressources génétiques marines. Hervé Berville, Secrétaire d’État auprès de la Première ministre, chargé de la mer, se confie à Ouest-France.

Gaëlle FLEITOUR.

Après plus de quinze ans de discussions, plus de 100 États membres de l’Onu se sont enfin mis d’accord dans la nuit de samedi à dimanche 5 mars 2023 sur le premier traité international de protection de la haute mer. Entretien avec Hervé Berville, Secrétaire d’État auprès de la Première ministre, chargé de la mer.

Au bout de quinze ans de négociations, comment est-on enfin parvenu à cet accord ?

Il y a plusieurs éléments. D’abord la conscience commune de l’urgence climatique et de la dégradation de la biodiversité marine. Si nous sommes arrivés à un accord cette année, ce n’est pas le fruit du hasard : il y a un an à Brest, au One Ocean Summit, Emmanuel Macron a redonné un élan politique, une visibilité internationale à la question de préserver la haute mer. Cela a entraîné une nouvelle impulsion diplomatique, avec notamment le passage de douze à cinquante et un pays au sein de la coalition pour les océans.

Il y a également eu une mobilisation très forte de la société civile, et notamment de personnalités très fortes comme Jane Fonda, avec laquelle nous avons lancé un appel conjoint la semaine dernière aux Nations unies, pour aboutir à un accord.

L’actrice et militante américaine Jane Fonda (à droite) et le secrétaire d’État Hervé Berville, le 20 février, au siège de l’Onu. | ANGELA WEISS, AFP

Ce traité n’entrera en vigueur que s’il est ratifié par au moins soixante pays. Comment y parvenir ?

En appliquant la même méthode que celle appliquée depuis quatorze mois, qui a permis d’avancer autant et même plus qu’au cours des quatorze dernières années : créer des coalitions, avoir de l’ambition pour un traité universel qui protège la biodiversité marine, qui soit juste, rappeler la nécessité d’avoir un instrument qui est efficace et donc juridiquement contraignant. Il faut soixante pays, or dans la coalition nous sommes déjà cinquante et un pays.

En expliquant aussi que l’on doit être dans une logique de sprint de ratification si l’on veut gagner la course contre la montre climatique, car les océans sont des régulateurs de climat. La France va aussi organiser en 2025 le sommet pour les océans avec le Costa Rica : tout le travail diplomatique consiste à ce que le traité soit ratifié à cette date.

Qu’a-t-il été décidé pour donner aux pays en développement l’accès aux ressources marines génétiques collectées en haute mer ?

On a décidé la création d’un fonds spécial qui permettra aux pays en développement d’avoir des financements pour la recherche, l’expertise technique, et accompagner la création d’aires marines protégées. Et à plus long terme, nous avons décidé d’un mécanisme de partage juste des bénéfices qui pourraient être issus de découvertes marines et utiles par exemple pour les sciences ou la recherche médicale.

Faut-il également une interdiction ou un moratoire sur l’exploitation minière en eaux profondes ?

Oui, c’est le second combat que j’ai mené en parallèle à New York puis au Panama et que nous menons avec le président de la République depuis 2022. Si l’on veut être crédible sur notre volonté de protéger les océans, nous ne pouvons pas l’autoriser : le gouvernement français est le seul à avoir d’ores et déjà appelé et appliqué l’interdiction totale de l’exploitation minière des fonds marins. Il paraît très peu probable que ces activités n’entraînent pas de dommages irréversibles pour la biodiversité. Nous travaillons donc avec les ONG pour convaincre les autres pays de ne pas se lancer dans cette aventure qui serait mortifère.

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