Le ministre de la mer Hervé Berville , comme tous ses prédécesseurs est en Guyane pour une semaine. Apportera t il des solutions à la question de la pêche illégale ?

Le problème de la pêche côtière illégale pratiquée par des embarcations étrangères existe depuis plus de 25 ans en Guyane. Au Sénat , Georges Patient avait interpellé les ministères sur la question dès 2012

Depuis France guyane, la Première ou France 24  ne cessent d’alerter sur la situation « Entre le 27 janvier et le 13 février, pas moins de 23 tonnes de poissons ,222 kg de vessies natatoires et 9,5 km de filets ont été saisis sur le territoire par les services de l’État. Au total, “trois tapouilles brésiliennes, le COMTE ITALO, le ANJO GABRIEL et le COMTE LAURO GOMES III, ont été déroutées, saisies et détruites en raison de leurs activités illégales répétées dans les eaux françaises”, indique la préfecture. Les membres de l’équipage se sont montrés non coopératifs, le capitaine et une partie de l’équipage ont également entravé le contrôle par des manœuvres d’évitement et de jets de projectiles à l’encontre des forces de l’ordre. Les capitaines des navires ont été placés en garde à vue et le reste de l’équipage renvoyé à la frontière. »

La durabilité de la pêche a souvent été remise en question dans le département par les professionnels à cause de la pêche illégale des pays frontaliers. De nombreux navires venus du Surinam, de Guyana et du Brésil pêchent quotidiennement dans les eaux françaises l’acoupa rouge, le machoiran jaune , des crevettes. Les rapports d’IFREMER se succédent  signalant que la pêche illégale capture deux fois plus que la pêche légale et rien ne se passe vraiment.  « Pour échapper aux contrôles, les bateaux de pêche opèrent en flottille. Quand ils nous aperçoivent, les pêcheurs de ces « tapouilles » larguent leurs filets, se regroupent et filent vers les eaux brésiliennes. Ils reviennent quelques jours plus tard et récupèrent leurs filets ».témoigne le major Bernard Lecomte qui commande la vedette Mahury basée à Cayenne. Depuis quelques temps la lutte s’est intensifiée. Malheureusement dès que l’efficacité de la lutte se renforce les pêcheurs illégaux  s’adaptent. Un nouveau commerce est apparu, celui des vessies natatoires d’acoupa rouge, produit très recherché valant entre 100 et 130 euros le kilo sur le marché local et entre 1000 et 3000 euros sur les marchés asiatiques « elles sont vendues au black par l’équipage, tandis que l’armateur récupère les acoupas rouges » explique un pêcheur

Pour France 24, Sylvain Marie Saibou qui par ses videos lance l’alerte, témoigne : «  Ces bateaux sont plus longs que les nôtres, entre 12 et 20 mètres, avec des équipages plus importants. Avec mon GPS, je mesure souvent la longueur de leurs filets, car ils sont hors-normes : ils peuvent atteindre les 10 000 mètres, alors que les nôtres mesurent autour de 2 500 mètres. De plus, leurs mailles sont beaucoup plus petites, donc ils récupèrent tout ce qui passe, notamment des poissons qui ne sont pas encore en âge de se reproduire, ce qui détruit les ressources. S’ils continuent à pêcher comme ça, je pense qu’on n’aura plus rien d’ici deux ans.

La vessie natatoire peut rester longtemps dans l’eau sans pourrir, les pêcheurs illégaux peuvent laisser leurs filets une demie journée ou une nuit, et venir les récupérer

Face au problème de la pêche illégale étrangère, des professionnels du secteur et le WWF jugent que la réponse des autorités françaises a été « insuffisante » jusqu’à présent. Ils demandent davantage de moyens aux frontières, tout l’année, pour empêcher l’arrivée des bateaux étrangers dans les eaux guyanaises, et des sanctions plus importantes.

Les pêcheurs non pas envie d’être assimilés à une grande politique de l’environnement , de protection. Ils continuent d’affirmer que leur secteur est mal appréhendé par les politiques ou par les ONGs. Ils refusent le terme de « surpêche » arguant qu’il s’agit des dégâts causés justement par les prises illégales, non déclarées, non reglementées (INN), fait des navires battant pavillon de complaisance « il faudrait un règlement de traçabilité…Seule l’interdiction du commerce, ou l’action sur le marché peut faire fléchir »

CE A QUOI S’ENGAGE LE MINISTRE

Jeudi 4 mai 2023 au port spatial de Kourou, Hervé Berville, Secrétaire d’État auprès de la Première ministre chargé de la Mer, et Marie-Anne Clair, Directrice du Centre spatial guyanais, ont signé une convention- cadre de coopération portant sur l’apport du spatial dans la stratégie de lutte contre la pêche INN, la protection des océans et de leur biodi- versité ainsi que le développement de l’économie maritime.
Dans un contexte de changement climatique et de perte de biodiversité, la France s’est engagée dans les transitions environnementales, énergéti-ques et numériques. Le Secrétaire d’Etat chargé de la Mer porte ces diffé-rents enjeux au travers d’une politique maritime ambitieuse. Dans le ca- dre de la nouvelle Stratégie nationale pour la mer et le littoral, il s’associe au CNES qui, pour sa part, promeut l’utilisation des techniques spatiales en réponse à des problématiques économiques et sociétales, notamment dans les domaines de la gestion de l’environnement, du changement cli-matique, de la protection de la biodiversité, de la prévention des risques et de la gestion des crises. Le secteur maritime, de par son intérêt pour le spatial, est une priorité forte de sa stratégie. Alors que la pêche illicite non déclarée non réglementée (INN) est une priorité du président de la République, cette coopération approfondie entre le CNES et le secrétariat d’Etat à la mer doit permettre de renforcer l’utilisation des technologies spatiales pour lutter contre ce fléau dans la zone économique exclusive (ZEE) française, en particulier en Guyane, dans l’océan Indien et dans les Terres australes et antarctiques françaises (TAAF).  La coopération entre le Secrétariat d’État chargé de la Mer et le CNES portera par ailleurs sur qua-tre autres points majeurs :La protection des océans et leur biodiversité, notamment en contribuant à la connaissance des localisations de certai- nes espèces, ou encore la lutte contre les pollutions y compris celles dues à la prolifération du plastique dans les mers ou le suivi des containers qui en tombant en mer entrainent des pollutions.Le développement durable de l’économie maritime, notamment par le contrôle des activités mariti- mes et par le développement de surveillances maritimes efficaces sur certaines activités comme celles liées à la pêche, les ports (notamment en vue de l’automatisation des accostages) ou dans des zones comme les fermes éoliennes pouvant être utilisées pour cacher des trafics.Le soutien à la planification maritime. Une connaissance fine de la topologie (trait de côte, bathymétrie, écosystèmes, éléments corrélatifs sur la position des bancs de poissons…) permettra par exemple de déterminer les zones les plus adaptées à la pêche professionnelle. En outre, la planification maritime pourra s’appuyer sur des données à jour grâce à l’imagerie satellitaire à haute fréquence.Le sauvetage de la vie humaine et la gestion de la si- gnalisation maritime.

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