l’institut momentum fait sa rentrée et interroge les nouvelles manières de faire politique

De la souveraineté moderne aux institutions terrestres :Formes politiques émergentes pour une Terre en communs Par Sophie Gosselin et David Gé BartoliSéminaire de rentrée de l’Institut Momentum Samedi 16 septembre 2023 de 15h à 18h
Les institutions politiques modernes sont en crise et semblent incapables de répondre à la catastrophe écologique qui s’impose aujourd’hui de manière de plus en plus dramatique à tous les peuples de la Terre. Dans notre livre La condition terrestre, habiter la Terre en communs, nous défendons l’idée que cette crise institutionnelle est structurelle. Il ne s’agit pas simplement de réformer les institutions existantes pour les adapter à la nouvelle donne écologique, mais d’inventer de nouvelles institutions et de nouvelles manières de faire politique qui prennent acte du passage de la condition de l’homme moderne à la condition terrestre. Depuis le début des années 2000, partout dans le monde, en marge des institutions étatiques ou venant les remettre en question, nous avons pu observer une multiplication des tentatives pour redessiner l’espace politique faisant émerger ou rendant visibles d’autres manières de faire communauté avec et depuis les territoires de vie, inscrivant ces communautés dans le temps à travers des créations institutionnelles qui ne répondent par aux coordonnées de l’État-national : droits de la Terre-mère en Equateur et processus constitutionnel en Bolivie, personnalité juridique du fleuve Whanganui et de la lagune du Mar menor en Espagne, Parlement de Loire et Assemblée du Rhône en France, ZAD de NDDL et politique autonome des zapatistes au Chiapas, souveraineté partagée en Kanaky/Nouvelle Calédonie… Si ces inventions institutionnelles se font essentiellement en marge ou émergent de l’extérieur de l’État, c’est qu’elles redéfinissent l’espace politique depuis un autre lieu que celui depuis lequel s’est constitué l’espace politique moderne en rupture avec les conditions matérielles d’habitation et le lien à la Terre qui le détermine : l’espace de la représentation politique (cf. Hobbes) et du Contrat Social adossé à l’économie capitaliste. L’espace politique qui se dessine à travers ces processus n’est pas celui des « citoyens », c’est-à-dire de ceux qui appartiennent à la Cité (les humains interagissant par la parole), mais celui des habitants (humains et autres qu’humains) qui façonnent, à travers leurs pratiques, usages, imaginaires et sensibilités, des territoires de co-habitation. L’habiter, dans sa dimension matérielle et collective, devient politique et, inversement, les enjeux politiques ne peuvent plus s’envisager de manière dissociée des conditions et formes de l’habiter commun. Comment se reconfigurent nos attachements, nos concernements, nos pratiques de subsistance et nos formes d’existence depuis ces territoires de vie ? Quelles manières de faire communauté et de faire peuple émergent depuis l’espace de l’habiter commun ? Quelles en sont les traductions institutionnelles et politiques ? Pour accueillir toutes les voix qui forment un territoire vivant, complexe et multispécifique, nous imaginons la mise en œuvre de Conseils terrestres qui soient perspectivistes, capables de tenir compte des différents points de vue et des différentes échelles temporelles et spatiales d’un faire politique éco-centré, à hauteur d’une cosmopolitique terrestre permettant de vivre « un monde fait de plusieurs mondes ».Sophie Gosselin est philosophe et enseigne dans le Master Etudes Environnementales de l’EHESS à Paris. Son travail de recherche porte sur les conséquences philosophiques de la crise écologique et du tournant ontologique en anthropologie. Elle est membre du comité de rédaction de la revue en ligne Terrestres, revue des livres, des idées et des écologies. Elle a publié plusieurs articles qui prennent acte des enjeux écologiques pour repenser notre rapport sensible au monde, ainsi qu’à l’art et au politique. Elle est, par ailleurs, vice-présidente du conseil scientifique du bassin Loire-Bretagne. David gé Bartoli, philosophe et auteur, enseigne à l’Université de Tours sur les enjeux de l’anthropocène et des droits et personnifications de la nature. Il est membre de la revue Terrestres, de l’Université populaire de la Terre (Tours) et du Parlement de Loire. Il fait des résidences d’auteur, en France et en Suisse (Genève), dont l’enjeu est la reterritorialisation sensible et écologique des milieux de vie ainsi que de redonner voix et agentivité aux autres qu’humains. Sophie Gosselin et David gé Bartoli sont co-auteurs de deux ouvrages : Le toucher du monde, techniques du naturer (éditions Dehors, 2019) dont l’enjeu est de repenser la question de la technique dans une perspective non anthropocentrique en proposant une philosophie renouvelée de la nature, ainsi que La condition terrestre, habiter la Terre en communs (éditions du Seuil, 2022), ouvrage qui propose de penser les transformations contemporaines de l’espace politique et les inventions institutionnelles terrestres à partir des conséquences de la catastrophe écologique. 
Samedi 16 septembre 2023 de 15h à 18h 
Salle Jean Freyssau siège de la Fondation pour le Progrès de l’Homme,38 rue Saint SabinParis 11èmeSur inscription à contact@institutmomentum.org

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