Viviez : l’électrochoc du lithium

– Les 900 tonnes de batteries au lithium usagées prises dans l’incendie qui a débuté le 17 février appartiennent à la SNAM (Société Nouvelle d’Affinage des Métaux). La SNAM, sise avenue Jean Jaurès à Viviez (Aveyron), a développé en 2018 une nouvelle ligne d’hydrométallurgie pour extraire le cobalt, le manganèse et le nickel des batteries au lithium. L’arrêté préfectoral autorisant l’exploitant à traiter 300 tonnes de batteries au lithium a été délivré le 25 juillet 2000. Le stock de batterie au lithium qui a pris feu était un stock d’attente situé à environ 1km de la SNAM dans un hangar vétuste et désaffecté ayant appartenu à la SOPAVE, une usine spécialisée dans le recyclage des plastiques agricoles fermée en 2018. Robin des Bois se demande par quelles négligences un tel stock inflammable et toxique en cas d’incendie accidentel ou de malveillance a pu échapper à la connaissance ou à la surveillance de la mairie de Viviez et des services de l’Etat. Il est pourtant connu depuis une dizaine d’années que les batteries au lithium neuves ou usagées sont sujettes à des emballements thermiques foudroyants, d’une intensité supérieure aux incendies d’hydrocarbures ou de dérivés d’hydrocarbures.  Il est vrai que la SNAM est habituée à ce genre d’inconséquences dans la conduite de ses opérations comme en témoignent les rapports d’inspection de la DREAL (Direction Régionale de l’Environnement, de l’Aménagement et du Logement) en date du 11 décembre 2023, du 20 janvier 2022 et du 2 février 2022. Un nouvel arrêté préfectoral encadrant les activités de la SNAM a été signé le 12 décembre 2023 par le préfet de l’Aveyron. Nulle part dans cet arrêté il n’est fait mention de ce stock déporté qui vient de brûler.  – L’autre stupéfaction de Robin des Bois provient des communiqués de la préfecture de l’Aveyron se référant à de soi-disant expertises de pompiers selon lesquelles l’imposant panache, noir et opaque, n’a pas eu de conséquences sanitaires et environnementales. La combustion du lithium produit du fluorure d’hydrogène corrosif. Son inhalation provoque des pathologies respiratoires. Il est très toxique pour les organismes aquatiques. Les eaux d’extinction aussi longtemps qu’elles ont été employées par les pompiers se sont déversées dans l’Enne, sous-affluent du Lot. Le lithium n’a pas été la seule substance dangereuse à partir en fumées. Les batteries au lithium contiennent aussi du nickel, du manganèse, du cobalt et du plastique dont la co-combustion a dégagé des poussières et des suies toxiques. Les dioxines et furannes sont aussi de la partie. Etant donné l’ancienneté de ce hangar, il est possible que sa toiture ait été en fibrociment contenant de l’amiante. Il est donc important qu’au delà de ce rituel d’apaisement de l’inquiétude du public, un diagnostic environnemental et sanitaire des suites de l’incendie dans l’environnement, proche et lointain du hangar sinistré, soit déclenché conformément à la circulaire du 20 février 2012 relative à la gestion des impacts environnementaux et sanitaires d’évènements d’origine technologique en situation post-accidentelle. L’incendie est désormais circonscrit mais il est toujours couvant et continue à dégager des vapeurs corrosives et toxiques. L’extinction en cours restera sous la surveillance des pompiers. En effet, les incendies de batteries au lithium peuvent rebondir plusieurs jours après.Le site devra alors être considéré comme lourdement pollué par les cendres, les suies, les résidus imbrûlés et faire l’objet d’une décontamination.  Lithium : le talon d’Achille de la nouvelle mobilité De Colombo (Sri Lanka) avec l’incendie de batteries au lithium usagées dans un conteneur du CMA CGM Rossini en 2016, aux incendies meurtriers de New-York dus à des embrasements de batteries au lithium de vélos ou de trottinettes, en passant par l’incendie de Bolloré Logistics à Grand-Couronne en janvier 2023 près de Rouen, la bibliographie mondiale dans la rubrique « faits divers » ou « incendies catastrophiques » regorge d’exemples de départs de feux provoqués par l’instabilité des batteries au lithium.  Il est temps que l’Union Européenne et le gouvernement français informent officiellement les usagers et les populations riveraines de tous les risques liés à l’usage, au recyclage et à la production des batteries au lithium. Les études de danger des gigafactories dans les Hauts-de-France omettent de dresser le panorama de tous les risques au prétexte d’éviter les malveillances et les actes terroristes. Comme le recommande l’Autorité Environnementale à propos du dossier d’enquête publique d’ACC (Automotive Cells Company) à Douvrin et Billy-Berclau, il faut faire un « usage raisonnable de la confidentialité des données afin de ne pas porter atteinte à l’information du public ». 
Association ROBIN DES BOIS

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