Papiers de soie autour des oranges
Blancs ou pastel, de fins papiers de soie apparaissent autour des oranges ou des citrons à la fin du xixe siècle. Les agrumes deviennent un produit de consommation courante. Le papier protège du transport, mais signale aussi la marque ainsi que l’origine, le calibre, les contrôles sanitaires. Imprimées à l’aide d’un tampon en caoutchouc, les images éclatantes quoique fripées parcourent le monde. Elles empruntent parfois à la culture populaire, restent souvent anonymes. À de rares exceptions : le figuratif Jean Le Gac conçoit la marque « Le peintre » pour un ami importateur ; une série « oranges d’artistes » commandée par une imprimerie sicilienne…

Le recours aux fongicides et aux camions frigorifiques rend ces papiers inutiles. On leur reproche aussi de polluer, ou de coûter trop cher. Et puis la grande distribution préfère les produits standard. Elle vend neuf oranges sur dix, étiquetées ou dans de vilains filets. Le papier s’efface mais reste un objet de collection. Le MIAM à Sète, en possède l’une des plus grandes en France, avec plusieurs dizaines de milliers d’emballages. Ceux du peintre Pascal Casson — qui forment la plus grande partie —, ceux du critique Jean Seisser — glanés à Barbès — ou bien ceux des marchés de Nîmes, ramassés par Christian Bonifas et Hélène Fabre.