Assises de la mer. Des politiques tentés par des accords transpartisans sur le maritime aux assises

Taxe au tonnage, fléchage des recettes de la taxe carbone vers le shipping, place des énergies marines renouvelables dans le mix énergétique français. Les représentants des cinq partis ayant répondu à l’invitation pour exposer leurs positions aux assises de l’économie de la mer n’ont pas caché leurs divergences mais estiment que des accords transpartisans sont possibles au vu sur l’importance de l’économie maritime.

Le marin Frédérick AUVRAY.Publié le 06/11/2025 à 15h53

Inédit aux Assises de l’économie de la mer, les partis politiques siégeant à l’Assemblée nationale et au Sénat étaient invités à exposer leur position sur les questions maritimes.

Une invitation justifiée par le rôle désormais décisif des parlementaires dans l’examen du budget qui devra être adopté ou rejeté sans recours de l’article 49.3 de l’exécutif, à laquelle ont répondu favorablement le Modem, Renaissance, les Républicains, le parti socialiste et la France insoumise.

Si le maintien en l’état de la taxe au tonnage ne fait pas question au centre et à droite, le député européen Christophe Clergeau pour le parti socialiste a relativisé la position de ses pairs à l’Assemblée nationale.  Le PS n’a pas évoqué sa suppression, mais son plafonnement en fonction des bénéfices réalisés.  Éric Coquerel pour LFI n’a pas caché son désamour pour  cet outil qui sert davantage à l’optimisation fiscale qu’au développement de la flotte . Pour le président de la commission des finances de l’Assemblée nationale,  les enjeux du développement de l’économie maritime qui rejoignent ceux de la transition écologique de l’économie méritent mieux qu’une simple taxe au tonnage. Il faut un engagement massif d’investissements publics . Investissements massifs  avec de l’argent public que l’on n’a pas , a rétorqué le sénateur Les Républicains Alain Cadec.

Discours de la méthode

Sur le fléchage des recettes de l’ETS vers la décarbonation du maritime, ou le déploiement des énergies marines renouvelables au travers un engagement clair dans la nouvelle programmation pluriannuelle de l’énergiebloquée depuis 2023, la convergence des vues est totale. Même chez LR. Du moins pour le Sénat, alors que les députés LR à l’Assemblée ont voté un amendement sur un moratoire de l’éolien finalement rejeté.  Les sénateurs Républicains sont contre ce moratoire. Mais il n’a échappé à personne que les partis peuvent aussi être divisés en leur sein , a rappelé le sénateur Alain Cadec, suscitant les rires de l’auditoire.  Cette situation de blocage est très préjudiciable pour tous les acteurs de la filière maritime qui ont besoin avant tout de visibilité et de stabilité , a martelé Sophie Panonacle, député de la Gironde pour Renaissance.  Il y a nécessité à trouver des terrains d’entente.  Position partagée par Jimmy Pahun, député Modem du Morbihan qui souligne  le beau travail accompli sur la décarbonation maritime depuis dix ans. L’essor du vélique en est un bel exemple. Il faut continuer sur la même lancée .

Oui mais comment ?  Par décret s’il le faut, pour sortir du blocage et mettre en œuvre la PPE et l’affectation des recettes de l’ETS vers la décarbonation avec une filière qui est déjà en ordre de marche pour investir tout de suite , estime Christophe Clergeau. Une gouvernance par décret que ne goûte guère Éric Coquerel, lequel se montre plus sensible à la notion de loi de programmation pluriannuelle du maritime inspiré de la loi de programmation militaire préconisée par Sophie Panonacle. La député Renaissance y croit d’autant plus  qu’il faut bien reconnaître que les élus ayant une vraie connaissance des faits maritimes sont une toute petite minorité au sein du parlement . Minorité numérique qui n’a pas empêché des petites avancées, notamment sur le suramortissement du transport vélique bonifié à la suite de l’adoption d’un amendement associant Modem, Renaissance et LFI. Des accords transpartisans salués par Éric Coquerel. Pour le député LFI,  sur les questions maritimes, on arrive quand même à avancer. C’est tout de même une note d’optimisme .