Transition écologique : les quatre chantiers des régions

Publié le 03/11/2022 • Par Olivier Descamps • dans : Actu ingénierie publiqueActualité CultureFrance

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Curios / AdobeStock

Régions de France publie la deuxième édition de son enquête sur l’action des régions en faveur de la transition écologique. Avec cent fiches qui mettent l’accent sur des recettes qui fonctionnent. Zoom sur quatre problématiques rencontrées par les exécutifs locaux.

Difficile de comparer les chiffres. Deux ans après une première édition, la nouvelle enquête sur les mesures régionales de transition écologique fait face à un contexte qui a changé. La crise sanitaire, la reprise économique, puis la tension énergétique ont bousculé les agendas politiques locaux. On prendra donc avec quelques précautions les évolutions comme la hausse du budget en faveur de la transition écologique (+28 % entre 2019 et 2020).

Les régions consacrent 1,2 milliard d’euros aux ENR, à la politique de l’eau, à la biodiversité, soit 18 euros par habitant. Hors fonds européens, mobilité et construction de lycées. Ce budget est abondé par des moyens humains, avec un peu moins de 750 équivalents – temps plein dont 674 dans des services dédiés (+10 %). Plus intéressants sont les outils mis en place par les exécutifs pour atteindre les enjeux de la transition.

1- Le budget vert en chantier

Quatre régions pilotes ont mis en place des budgets verts : Bretagne, Grand Est, Nouvelle-Aquitaine et Occitanie. Leur objet : disséquer les comptes publics à la recherches des dépenses très favorables à la transition (comme la rénovation thermique des bâtiments), favorables (exemple avec l’acquisition de flottes de bus au GNV, ou défavorables (la construction de parkings, le carburant…). A cela s’ajoutent les dépenses dites neutres, telles les politiques culturelle ou sociale. Comme l’Etat français depuis trois ans, les régions se sont appuyées sur la méthodologie développée par l’Institut de l’économie pour le climat (I4CE).

Attention, le développement de ces évaluations environnementales ne doit pas devenir un outil visant à comparer les collectivités ou à faire la promotion de la politique régionale, a déjà plusieurs fois expliqué l’I4CE. Le budget vert est, en revanche, un bon outil pour prendre une photographie et identifier les marges de progression.

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2- Energies renouvelables : des choix très politiques

Cheffes de file de la transition énergétique à l’échelle locale, les régions ont deux impératifs : la rénovation du bâti et le développement des renouvelables.

Le premier sujet est consensuel. Toutes les régions s’efforcent de mettre en place des politiques permettant aux ménages d’accélérer. Les « services publics de la performance énergétique de l’habitat » prennent différentes formes juridiques et s’adressent, selon les régions, à des publics différents. A chacune de choisir les profils qu’elle juge prioritaires et d’évaluer les carences des offres de marché.

Le second impératif est plus politique. Avec des clivages nets sur des questions comme l’éolien ou la méthanisation, qui sont des axes forts dans certaines régions, tandis que d’autres font tout pour freiner des quatre fers. En moyenne, 67 % des budgets en faveur de la production énergétique décentralisée concernent le développement des ENR. Auxquels il faudrait, en toute logique, ajouter les 5 % du budget qui financent des sociétés d’économie mixte dont c’est l’objet. Parallèlement, les soutiens à la production d’hydrogène montent en puissance, avec 11 % des dépenses. Le document de Régions de France met plusieurs plans qui touchent au vecteur énergétique : Sud, Occitanie, Ile-de-France…

3- Des appels à projets pour la biodiversité

La préservation du vivant est l’autre gros morceau de la politique de transition avec un budget à peu près équivalent (198,5 millions d’euros contre 190,4 millions à la production d’énergie décentralisée). Un tiers de ce montant est consacré aux parcs régionaux contre un peu moins (29 %) au soutien des acteurs de la biodiversité. Les associations ont, en particulier, besoin de ces aides régionales pour se maintenir à flot. Elles sont essentielles car la problématique reste largement délaissée par le secteur marchand.

A l’instar de Grand Est et de son « appel à initiatives citoyennes pour l’environnement », ou du « plan arbres » des Hauts-de-France, les régions misent, en grande partie, sur des appels à projets qui ont fait leurs preuves.

4- Adaptation : le sujet qui monte

Les régions ont bien compris, enfin, qu’elles étaient en première ligne pour aider les territoires à faire face aux effets du réchauffement climatique. En 2020, elles ont dépensé 132 millions d’euros afin de lutter contre les inondations (22 % du total), restaurer des cours d’eau (13 %), accompagner leurs agriculteurs (8 %)… Ce budget est en hausse de 13 %. Sans surprise, la question de l’eau concentre la plupart des efforts. Ou tout du moins, c’est sur cette problématique très visible qu’insistent les régions quand on leur demande quelles sont leurs actions emblématiques.

Nouvelle-Aquitaine présente son plan de restauration des zones humides ; Occitanie ses milieux aquatiques urbains… Il sera intéressant de voir comment l’été 2022 influera sur ces choix. Quels que soient les efforts faits pour limiter les dégâts, la protection contre les mégafeux et, plus largement, contre les effets des canicules, pourraient rapidement devenir des éléments importants des politiques publiques régionales.

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