Élections européennes : que veut le Rassemblement national sur le climat ? Par Neil Makaroff (fondation Jean Jaurés)


À quelques semaines des 
élections européennes, le Pacte vert est attaqué par l’extrêmedroite européenne qui veut son abolition. Neil Makaroff, expert des politiques climatiques européennesdécrypte dans cette note les positions du Rassemblement national (RN) et de Reconquête en matière climatique. Si ces derniers se présentent comme les défenseurs de « l’écologie positive », leurs déclarations et votes au Parlement européen correspondent à un tout autre agenda, celui de la régression climatique allant à l’encontre de la nécessairetransition écologique et du soutien aux classes populaires.  
Du renoncement à l’Accord de Paris au rejet du Pacte vertPremier enseignement, le Rassemblement national comme Reconquête tournent le dos à l’Accord de Paris sur le climat et à sa déclinaison dans l’Union européenne (UE)En 2016, le ton était donné. Marine Le Pen, alors députée européenne, a refusé́ de ratifier l’Accord de Paris sur le climat en s’abstenant au Parlement européen. Elle fut suivie par tous les députés du parti frontiste, dont Nicolas Bay, aujourd’hui Reconquête. Même si en 2022, la candidate Le Pen a affirmé́ ne pas vouloir sortir de l’Accord de Paris, tous les éléments de son programme et le vote de ses députés au Parlement européen montrent qu’elle n’a aucune intention de le respecter. Les députés du RN siégeant au Parlement européen se sont opposés à de grandes lois du Pacte vert. Lors du débat sur la loi européenne sur le climat, Jordan Bardella a expliqué que la trajectoire climatique de l’UE était « sacrificielle » pour notre économie. Il justifie son opposition par le fait que la France ne pèserait que 1% des émissions mondiales, oubliant au passage nos émissionsliées aux importations qui doublent notre empreinte climatique, et notre responsabilité́ historique dans le dérèglement climatique. Le dirigeant du parti prône le « patriotisme économique » et le « localisme » comme solutions pour lutter contre la crise climatique. Pourtant, les députés RN etReconquête n’ont pas soutenu la taxe carbone aux frontières de l’UE. Ils ont voté contre en commission et se sont abstenus en plénière. Cette dernière fait payer le prix du CO2 aux biens industriels importés et protège donc les entreprises européennes contre le dumping climatique d’autres pays. Une croisade contre les outils de la transition écologique Deuxième enseignement, le RN a lancé́ une croisade contre les technologies vertes qui constitueraient pourtant le socle de notre future indépendance énergétique. Et cela quel qu’en soit le prix en termes d’emplois et de potentiel économique. En pleine crise énergétique et alors que la guerre menée par la Russie en Ukraine est directement financée par nos importations de gaz, pétrole et charbon, Marine Le Pen promet l’arrêt des projets solaires et le démantèlement des éoliennes. Les députés européens du RN et de Reconquête lui emboîtent le pas au sein du Parlement européen en votant contre le doublement de la part des énergies renouvelables prévu par le Pacte vert. Jugées inutiles par l’extrême droite, les énergiesrenouvelables ont pourtant fait économiser 100 milliards d’€ aux Européens.La même opposition s’exprime à l’encontre du véhicule électrique. Au Parlement européen, les députés du RN sont montés au créneau pour dénoncer et s’opposer à la fin de vente des moteurs essence, diesel et hybrides neufs en 2035. L’opposition de Marine Le Pen et de Jordan Bardella à la voiture électrique laisse planer le risque d’un retournement de la législation européenne sur le sujet si l’extrême droite obtient un grand nombre de sièges aux prochaines élections. Revenir en arrière constituerait une menace directe pour les 20 000 emplois dans les Hauts-de-France concernant la vallée européenne de la batterie.  Aucune pour les classes moyennes et populaires Troisième enseignement : bien qu’il se considère comme le défenseur des classes moyennes et populaires, le RN s’oppose aux solutions européennes qui pourraient aider les ménagesdans la transition. Les députés RN et Reconquête au Parlement européen accusent l’UE d’être responsable de l’explosion des factures d’électricité́ des Français. Un coupable est désigné́ : le marché européende l’électricité. Le marché́ n’étant pas calibré pour répondre à une situation de crise a vu les prix de l’électricité augmenter en 2022. Ce marché assure le bon fonctionnement de l’approvisionnement des Français en électricité. Mieux encore, la reforme de ce marché qui a abouti en 2023 devrait permettre de stabiliser les prix. Elle inclut également une mesure pour interdire les coupures d’électricité́ pour les plus précaires. Mesure sur laquelle les députés du Rassemblement national se sont abstenus et ceux de Reconquête ont voté́ contre. S’opposer aux mesures du Pacte vert : ne pas soutenir les classes moyennes et populaires Alors que les classes moyennes et les plus précaires sont touchés par la hausse des prix du gaz, du fioul et des carburants, le RN rejette en bloc toutes les mesures du Pacte vert qui pourraient les aider à réduire leurs factures énergétiquesBien qu’il appelle de ses vœux à accélérer la rénovation des logements, Jordan Bardella et ses députés se sont opposés à la loi européenne sur l’obligation de rénovation des passoires thermiques. De même, les députés d’extrême droite ont voté contre le Fonds social pour le
climat. Ce fonds vient pourtant en aide aux ménages qui souhaitent rénover leur logement, accéder à un véhicule électrique ou installer une pompe à chaleur par exemple. Loin de vouloir aider ceux qui ont le plus besoin de s’affranchir des énergies fossiles, le RN défend la baisse de la TVA sur le gaz, le fioul et les carburants à 5,5% au lieu de 20% à l’échelle nationale. En parallèle, le RN et Reconquête se sont opposés à une mesure forte en faveur de la justice sociale : la taxation des superprofits des géants du pétrole, gaz et charbon. Les taxer permettrait de financer les aides pour les ménages et de mettre en place un bouclier énergétique. Mais les députés d’extrême droite ont refusé de taxer les entreprises des énergies fossiles dans le but de redistribuer aux plus précaires.  
Contact presse
Fondation Jean-Jaurès
Eugénie ARNAUD
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À propos de la Fondation Jean-Jaurès Première des fondations politiques en France, la Fondation Jean-Jaurès est reconnue d’utilité publique en 1992, date de sa création par Pierre Mauroy. Sa mission est, à court terme, d’influencer les politiques publiques par ses analyses et ses propositions, et, à moyen terme, de contribuer à repenser en profondeur, à l’échelle internationale, européenne et nationale, la social-démocratie.

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