Énergie solaire en Chine : l’ère des tarifs garantis s’achève, place au marché Vu dans TECSOL

La Chine a organisé, début septembre, sa première enchère provinciale d’électricité solaire dans le cadre de son nouveau mécanisme de tarification des énergies renouvelables. Les résultats, observés dans la province du Shandong, ont surpris par la faiblesse des prix retenus, au point de susciter des interrogations sur la rentabilité future des projets.

Une réforme ambitieuse

Jusqu’ici, les producteurs d’énergies renouvelables bénéficiaient en Chine de tarifs d’achat garantis, indexés sur un prix de référence du charbon. Ce système, qui assurait une visibilité financière aux investisseurs, avait pour revers de favoriser une surcapacité dans certaines régions. Depuis juin, Pékin a basculé vers un modèle d’enchères concurrentielles, où les projets sont sélectionnés selon les offres les plus basses jusqu’à atteindre l’objectif de production fixé. Les producteurs doivent ensuite vendre leur électricité sur le marché, avec la garantie d’une compensation si le prix tombe en dessous du tarif de l’enchère.

Des prix planchers au Shandong

Première province à expérimenter le dispositif, le Shandong a fixé un prix de règlement pour le solaire à 225 yuans par MWh (environ 26,70€). Les développeurs pouvaient soumettre des offres comprises entre 123 et 350 yuans (15 et 42 €) . Selon Alan Lau, analyste chez Jefferies, ce niveau est insuffisant pour assurer un retour sur investissement acceptable. La surabondance d’installations photovoltaïques dans la région a accentué la pression à la baisse.

Certains projets étaient déjà achevés et cherchaient à sécuriser un revenu fixe. « Ils étaient désespérés de vendre leur électricité à un tarif garanti », analyse Lauri Myllyvirta, du Centre for Research on Energy and Clean Air. Cette enchère offrait en effet plus de certitude que le marché spot local, où les prix captés par le solaire ont récemment chuté jusqu’à 116 yuans/MWh (14 €/kWh), selon David Fishman, consultant au Lantau Group.

Des signaux pour l’ensemble du pays

Le Shandong, grand producteur d’énergies renouvelables, sert de baromètre pour les prochaines enchères. « Je ne serais pas très optimiste ailleurs, sauf peut-être dans les provinces côtières à forte croissance de la demande », estime Alan Lau. Les investisseurs redoutent que cette réforme ne freine les nouveaux projets, malgré l’intention initiale des autorités de rationaliser les investissements et de refléter les coûts réels de production.

En misant sur la concurrence, la Chine espère contenir la surproduction et améliorer l’efficacité de son mix énergétique. Mais cette première enchère montre que la transition vers un modèle de marché ne sera pas sans heurts pour les développeurs solaires.

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