l’hydroélectricité dans le mix énergétique français
Depuis l’été 2025, le règlement d’un vieux contentieux entre Paris et la Commission Européenne ouvre la voie à une relance de la « houille blanche » en France. Le PDG d’EDF espère augmenter la production hydroélectrique de 20%, mais comment combiner cette relance avec l’éolien et le solaire?
L’énergie hydroélectrique représente 14 % de notre production annuelle, et si on écoute les nombreuses prises de position sur le sujet du nouveau patron d’EDF Bernard Fontana, elle est amenée à jouer un rôle plus grand encore dans les années à venir.
La France a beaucoup misé sur ce qu’on appelait la houille blanche dans la première moitié du XXe siècle, jusqu’à l’avènement du nucléaire. On parle aujourd’hui de le relancer, mais il y avait jusque-là un obstacle à cette relance : un contentieux entre la France et la Commission Européenne qui a duré plus de dix ans. Bruxelles voulait ouvrir la concurrence de ce secteur, en remettant en cause la position très dominante d’EDF sur les concessions par lesquelles l’État confie la gestion des barrages à des opérateurs.
Ce contentieux, il a été réglé par un accord de principe fin août. La France a obtenu de prolonger les concessions des opérateurs actuels en les obligeant à céder un tiers de la production nationale d’hydroélectricité pour qu’il soit vendu, aux enchères, à des fournisseurs privés.
Du coup, le PDG d’EDF Bernard Fontana a de grandes ambitions pour l’hydroélectricité dans le futur mix énergétique de la France : il veut augmenter les capacités de production de 20 %, car l’hydroélectrique est un complément très pilotable des énergies renouvelables et par définition intermittentes, le solaire et l’éolien.
Le maître-mot en la matière, c’est le stockage d’énergie : l’hydroélectricité le rend possible grace aux STEPs, stations de transfert d’énergie par pompage, qui consistent en deux réservoirs, un en amont et un en aval d’une turbine : quand l’électricité est abondante sur le réseau, quand le soleil brille et que le vent souffle, on utilise ce courant pour pomper l’eau du réservoir du bas à celui du haut. Et quand il y a un besoin d’électricité, on fait redescendre cette eau en la turbinant au passage… et en générant de l’énergie.
Mais la relance de l’hydroélectricité sera aussi limitée par les coûts colossaux entraînés par la construction de nouveaux barrages, qui n’est pas envisagée en France à ce jour. En cause: l’impact environnemental très lourd de ces infrastructures, et les conséquences du dérèglement climatique qui multiplient les épisodes de stress hydrique, sécheresse ou inondations, qui rendent les niveaux des cours d’eau imprévisibles et compliquent la production d’hydroélectricité, car ils créent des conflits d’usage de l’eau avec l’agriculture (irrigation), le tourisme, la préservation des milieux naturels. ( entendu sur France Culture)