un peu d’apaisement
« Une performance remarquable » : la croissance française dépasse les attentes en accélérant à 0,5 % au 3e trimestre
Selon une première estimation publiée ce jeudi par l’Insee, le PIB de la France a fait mieux que prévu au 3e trimestre en progressant de 0,5 % par rapport aux trois mois précédents. Le ministre de l’Economie Roland Lescure a salué « une performance remarquable ».
CHALLENGES.FR30 OCTOBRE 2025 À 09H24
La France dépassera-t-elle la croissance de 0,7 % attendue par le gouvernement en 2025 ? C’est en tout cas ce que laisse augurer la surperformance du PIB français au troisième trimestre. Il a en effet progressé de 0,5 % durant cette période par rapport aux trois mois précédents, d’après une première estimation publiée ce jeudi par l’Institut national de la statistique et des études économiques (Insee). Auparavant, l’Insee tablait sur une croissance de 0,3 % entre juillet et septembre, comme au deuxième trimestre, après + 0,1 % au premier trimestre.
L’acquis de croissance, c’est-à-dire ce que serait la croissance annuelle si le PIB n’évoluait plus du tout en fin d’année, est de 0,8 % à la fin septembre, selon l’Insee. C’est mieux que l’Allemagne (0,2 %) dont les chiffres trimestriels sont également attendus ce jeudi avec ceux de l’Italie. L’Espagne a, elle, fait état mercredi d’une croissance de 0,6 % au troisième trimestre, visant 2,7 % sur l’année.VidéoSur le web : Les 30 entreprises qui utilisent le plus ChatGPT dans le monde ont reçu un trophée
« Une performance remarquable »
Le ministre de l’Economie Roland Lescure a salué « une performance remarquable » : « Malgré les soubresauts politiques et les incertitudes internationales, nos entreprises investissent, exportent et font progresser le pays. » « L’adoption rapide d’un budget qui préserve la confiance des entreprises et des ménages sera capitale pour maintenir cet élan » , a-t-il ajouté.
Une accélération des exportations
« Globalement, la croissance est solide » , note Maxime Darmet, économiste senior chez Allianz Trade, auprès de l’AFP. Avant le début de débats budgétaires houleux, l’économie a bénéficié durant l’été d’une accélération des exportations, surtout dans l’aéronautique qui avait été pénalisé depuis le Covid par des problèmes d’approvisionnement. Les exportations de produits agroalimentaires ont en revanche baissé, « en particulier celles de boissons, dans un contexte de tensions commerciales avec la Chine et les Etats-Unis » , souligne l’Insee.
Par ailleurs, la baisse des taux directeurs de la Banque centrale européenne (BCE) face au reflux de l’inflation se traduit par une amélioration des investissements (0,4 % après 0,0 %). Ils sont tirés par ceux des entreprises (+ 0,9 %), tandis que les investissements des ménages, surtout dans le logement neuf, sont en berne (-0,4 %).
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« La consommation reste le maillon faible de cette économie »
Dans sa dernière note de conjoncture publiée en septembre, l’Insee jugeait toutefois les moteurs de l’économie française fragiles dans un contexte marqué par un regain d’instabilité politique affectant la confiance des ménages et la consommation, un pilier traditionnel de la croissance. Cette dernière a progressé modérément de 0,1 % au troisième trimestre, comme au deuxième.
« La consommation reste le maillon faible de cette économie. Elle ne redémarre pas et rien n’augure d’un rebond avec un manque de confiance demeurant élevé » , analyse Maxime Darmet. Alors que les salaires réels progressent et que les taux d’épargne culminent, « il manque cet ingrédient-là pour que la croissance s’établisse sur des bases solides » .
Un contexte d’« apaisement du climat politique »
Le quatrième trimestre s’annonce moins flamboyant, selon l’économiste, qui prévoit un ralentissement avec le retour de l’instabilité politique. Il note que la bonne performance économique aux deuxième et troisième trimestres « correspondait à un apaisement du climat politique » .
Les dépenses des administrations publiques restent dynamiques
Le gouvernement souhaite ramener le déficit public à 4,7 % du PIB en 2026, après 5,4 % en 2025, mais accepterait d’assouplir l’objectif jusqu’à un niveau se situant « sous 5 % » pour permettre des compromis. Au troisième trimestre, les dépenses des administrations publiques sont restées dynamiques, Maxime Darmet ne voyant « aucun signe d’austérité budgétaire à ce stade » .
L’incertitude politique et la situation dégradée de ses finances publiques ont déjà valu à la France de voir sa note souveraine abaissée par les agences de notation S&P et Fitch, tandis que Moody’s l’a placée sous perspective négative.
(avec AFP)
