Pas de thermique en Guyane Non à la centrale du Larivot

Le bureau de la CACL « défavorable » à la centrale du Larivot

Les membres du bureau de la Communauté d’Agglomération du Centre-Littoral (CACL) ont rendu fin juin un « avis défavorable » à l’incompréhensible projet de centrale thermique au Larivot porté par la CTG, la préfecture et EDF.

Le projet de centrale au fioul envisagé à côté du port du Larivot à Matoury « n’est pas compatible » avec le Schéma de cohérence territoriale (Scot) de la CACL, il est « en contradiction avec les orientations en matière de préservation, de valorisation de l’environnement et d’aménagement » de l’intercommunalité et il n’est pas conforme au règlement du Plan de prévention des risques inondations (PPRI) de l’Ile de Cayenne, signe la présidente de la CACL et maire de Cayenne, Marie-Laure Phinéra-Horth (photo de Une), dans un rapport adressé au bureau de l’intercommunalité, que nous avons consulté.

Ce vif rejet a été adressé fin juin au préfet, Marc del Grande, et au commissaire enquêteur, Daniel Cucheval, en charge de l’enquête publique (lire nos articles ici et ), puisque la CACL était invitée à faire connaître sa position sur le dossier.

Dans le rapport interne, bâti après consultation des services de l’intercommunalité, de ses vice-présidents et du maire de Matoury, Serge Smock, Marie-Laure Phinéra-Horth estime que l’enquête publique manque de « transparence » et de « sincérité », reprenant les vives récriminations de la Compagnie nationale des commissaires-enquêteurs et de la Commission nationale du débat public, qui avaient déploré que la préfecture de Guyane opte pour une enquête publique dématérialisée malgré les lourds impacts environnementaux, sociétaux et économiques que fait peser ce projet structurel d’ampleur.

Cela étant, le rapport ne traduit en l’état aucune opposition à la construction d’une nouvelle centrale thermique, mais bien à la localité retenue, à savoir les terres inondées et inondables qui bordent le port du Larivot et la rivière de Cayenne, acquises par EDF auprès de la Société agricole et sucrière de la Guyane au terme d’une reprise de ses actions pour un total de 15 M€, après avis favorables de la Collectivité Territoriale de Guyane (CTG) et de l’ancien maire de Matoury, Gabriel Serville. Malgré tout, l’organisation politique intercommunale retient que la centrale surdimensionnée prévue au Larivot « ne respecte ni les accords internationaux ni la loi sur la transition énergétique pour la croissance verte. Cette loi mentionne en effet un objectif de 100% d’énergie renouvelable à l’horizon 2030 ».

« Edf Pei ne démontre pas l’allégation selon laquelle il s’agit de la seule option foncière disponible à la vente recensée sur la presqu’île de Cayenne » » note le rapport, jetant aux orties cette posture de la CTG. Par ailleurs, « l’argument de l’urgence à l’horizon 2023 pour « garantir la réalisation du chantier dans les délais fixés par la PPE Guyane » n’est pas suffisant eu égard aux impacts du projet pour les populations et l’environnement ».

Pour l’intercommunalité, qui compte en son sein des contempteurs connus du projet, notamment Patrick Lecante, maire de Montsinéry-Tonnégrande, et Jean Ganty, maire sortant et candidat au second tour des Municipales à Rémire-Montjoly, « des options foncières sont possibles à Dégrad-des Cannes (Rémire-Montjoly) ou éventuellement sur le secteur Mogès (Matoury) ».

Le rapport estime que les pièces techniques nécessaires et mises à disposition par le groupe EDF pour jauger les impacts sur les hommes et les milieux (rejets dans l’air, dans l’océan, imperméabilisation du secteur, sécurisation de l’oléoduc, notamment) ne sont pas suffisantes.

Le document « s’interroge » aussi sur la capacité des carrières, conformément au « Schéma de carrière », à répondre aux besoins « colossaux » en remblais de cette centrale du Larivot (150 000 m3 de sable brut, 5 000 m3 de concassé, etc…), dans un contexte de commande publique élevée notamment avec les projets portés par la CACL que sont le Transport en commun en site propre et la future décharge du littoral.

Rejoignant les avis défavorables rendus il y a plusieurs mois par le Conseil scientifique régional du patrimoine naturel du Conseil national de la protection de la nature et l’Autorité environnementale, le rapport reproche aussi « le fort impact sur les continuités écologiques répertoriées dans le secteur ». « Les mesures de compensation environnementales figurant dans le dossier ne sont pas suffisamment explicitées et ne répondent pas aux objectifs issus de la loi Grenelle » lit-on également.

Enjeu électoral par excellence, l’oléoduc sous-terrain qui traversera des quartiers habités de Cayenne, Rémire-Montjoly et Matoury retient évidemment l’attention de la présidente et des vice-présidents de la CACL. « La construction d’un oléoduc d’environ 15 km reliant le port de Dégrad-des-Cannes au site du Larivot, risque de poser des difficultés ou des prescriptions importantes quant aux travaux de pose, de déplacement ou d’enlèvement de canalisations (…) sur l’ensemble du réseau d’eau potable de la CACL, tous les branchements sur le réseau le long du parcours de l’oléoduc sont en polyéthylène. Ce matériau est très poreux aux hydrocarbures. Il convient donc afin d’éviter tout risque de pollution du réseau d’eau potable que la canalisation d’hydrocarbure ne soit pas sur le même accotement routier que la canalisation d’eau potable ».

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