Le régime des catastrophes naturelles doit s’adapter au climat (in Ouest Frnce)

Pluies torrentielles, sécheresses à répétition, montée du niveau de la mer. La facture ne cesse de grimper. La Caisse centrale de réassurance et Météo France ont conçu un modèle pour chiffrer ce que cela pourrait coûter à l’avenir. Mais aussi proposer des solutions de prévention. 30 à 33 °C des Pays de la Loire à la région parisienne et même 37 °C annoncés localement cette semaine dans le Sud-Ouest. Il fait chaud. Très chaud même. Et pas seulement en France. Au Maroc, pourtant habitué aux sécheresses, la cote d’alerte est atteinte. Les États-Unis sont de leur côté confrontés à une vague de chaleur, des inondations ainsi que des incendies dévastateurs. Vous avez dit climat ?

« En France, nous ne sommes qu’à la mi-juin et la moitié du territoire peut être considérée en sécheresse extrême. Et ceci n’a désormais rien d’exceptionnel. Nous serons de plus en plus confrontés à des cycles pluriannuels comme celui que nous avons connu entre 2016 et 2020 » , explique David Moncoulon, directeur recherche et développement et docteur ès sciences en hydrologie à la Caisse centrale de réassurance.

Aucun pays, pas même les plus tempérés n’échappe aux conséquences du changement climatique. Associée à Météo France, la CCR s’attache à modéliser les répercussions de cette hausse des températures dans le domaine des catastrophes naturelles. Pour ce travail, les chercheurs ont retenu le scénario du Giec prévoyant une hausse des températures entre 1,4 °C et 2,6 °C en 2050.

Le coût des catastrophes naturelles pourrait augmenter de 50 %

Météo France a généré avec son modèle Arpège Climat, 400 années possibles à climat actuel et 400 autres années à climat 2050. Les résultats de cette modélisation du climat futur sont venus alimenter les d’aléa (inondation, sécheresse, submersion) et de dommages de la CCR. Ils ont été déclinés dans les grandes régions françaises.

« Si rien n’est fait, le coût moyen des catastrophes naturelles devrait augmenter de 50 % d’ici à 2050 et passer de 1,2 milliard d’euros à 1,8 milliard d’euros. »

Mais certains événements exceptionnels comme la crue centennale de la Seine de 1910 pourraient générer 30 milliards d’euros de dégâts. Le coût d’une crue de la Loire équivalente à celle de 1856 serait dans une fourchette comprise entre 3 à 5 milliards d’euros. Le ruissellement fait aussi partie des nouveaux éléments à prendre en considération. « Depuis une quinzaine d’années, les sinistres liés aux inondations se situent pour moitié en dehors des zones inondables. » En cause, l’urbanisation, l’imperméabilisation des sols, la disparition des haies. D’où l’importance de présenter des cartes et de rassembler l’ensemble des parties prenantes : élus, Direction régionale de l’environnement de l’aménagement et de l’environnement (Dreal), chambres d’agriculture, urbanistes pour développer des programmes de prévention.

D’importantes catastrophes naturelles ont touché la France ces dernières années : crues de la Seine en juin 2016, sécheresse en 2017, ouragan Irma en septembre 2017, crues de la Seine et de la Marne en janvier 2018, pluies diluviennes aux conséquences catastrophiques dans les vallées de la Roya et de la Vésubie dans l’arrière-pays niçois en septembre 2021.

Facture salée pour la façade atlantique

La façade atlantique, sous l’effet de l’évolution démographique et de la hausse du niveau de mer verrait les dommages augmenter de plus de 60 % à l’horizon 2050. L’accroissement de la vulnérabilité en Ile-de-France se traduirait par une hausse supérieure à 40 %. L’augmentation serait d’environ 30 % pour les départements du pourtour Méditerranée, observe la Caisse centrale de réassurance.

Ce travail de prospective est essentiel dans le cadre des politiques publiques. Il permet en effet de bien mesurer ce que ne rien faire pourrait engendrer comme conséquences.

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