LETTRE OPTIONS FUTURS 148 : / 15 février 2023

MONDE

Tremblement de terre Turquie Syrie

Depuis plus d’une semaine maintenant nous suivons jour après jour le chiffre invraisemblable des morts. Nous imaginons que des décombres ne sortiront plus que des cadavres puisque plus de 90% des rescapés des tremblements de terre sont secourus dans les trois jours suivant la catastrophe. Et l’aide espagnole se retire parce que la Turquie vient d’autoriser les déblaiements  mécanisés « trop tôt, alors qu’il y a peut- être encore une ou deux chances 

Tristement nous avons vu l’aide internationale suivre les canaux dessinés par la géopolitique. La guerre en Syrie a interdit le franchissement des frontières. Les justes sanctions internationales contre Bachar Al-Assad ont bloqué l’accès à des villes entières et le dictateur use du drame pour atténuer ses déboires. Injustement et selon des règles que nous avions soutenues, nous n’avons pu venir en aide à ces sinistrés abandonnés de tous. Il a fallu attendre vendredi, soit plus de trois jours après le drame, pour que Damas autorise l’acheminement de l’aide vers les zones rebelles. L’ONU ne fait que communiquer son impuissance face à une situation humanitaire terrifiante. On parle de 5M de syriens sans abri et majoritairement sans eau, soins, électricité…. Humilité. Impuissance. Nos moyens face à ce type d’événements n’ont pas progressé depuis le moyen Age. Quand il faut déblayer des gravats pour sauver délicatement un enfant, il ne reste que les mains nues. Seul outil moderne, les pelleteuses accélèrent le creusement des tombes en nombre.

Journée mondiale zones humides :

Du 28 Janvier au 28 février, avec une journée mondiale le 2 Février, on s’intéresse aux zones humides. Les marais, les mangroves encore trop souvent perçues comme insalubres, constituent l’écosystème le plus détruit de la planète, un déclin trois fois plus rapide que celui de la forêt.

Mais cette année l’événement prend une ampleur particulière. Des tensions inégalées ont appelé à prendre de nouvelles mesures sur le climat et la biodiversité, elles touchent en priorité les zones humides, qui deviennent les outils de survie de demain. La secrétaire d’État Chrysoula Zacharopoulou a annoncé un engagement de 3M d’euros de la France auprès des pays de l’OECO.  L’organisation des États de la Caraïbes orientale compte 7 membres fondateurs à part entière : Antigua et Barbuda, le Commonwealth de la Dominique, Grenade, Montserrat, Saint-Kitts et Nevis, Sainte-Lucie, Saint-Vincent et les Grenadines. À ces sept États s’ajoutent des membres associés, parmi lesquels la Guadeloupe et la Martinique, mais aussi les Îles Vierges britanniques et Anguilla.

Arbres génétiquement modifiés :

Une start up, en Californie, « living carbone » promeut les arbres génétiquement modifiés : ils pousseraient plus vite et stockeraient plus de carbone . Des chercheurs tentent de modifier la composition du bois afin de faciliter la production de bioplastiques, de produits biochimiques et d’éthanol cellulosique. Plusieurs pays ont d’ores et déjà expérimenté ces arbres GM, dont les États-Unisl’Indela Nouvelle-Zélande, la Belgique. En France, l’Institut national de recherche agronomique (Inra) a conduit un essai en champ de peupliers transgéniques qui s’est terminé en 2013 Plusieurs organisations non gouvernementales ont émis une déclaration mettant en garde contre les « fausses solutions » climatiques faisant appel aux arbres GM.

EUROPE

La DG Connect de la Commission européenne a publié l’appel à propositions d’un projet pilote pour l’organisation du« Festival européen du journalisme et de l’éducation aux médias ». Ce festival vise à renforcer le dialogue, la coopération et le partenariat dans l’UE entre les journalistes, les médias, y compris les médias de service public, les organisations de la société civile et les professionnel·le·s de l’éducation aux médias, Le budget total de l’appel est de 990.500 € et le cofinancement maximal peut représenter jusqu’à 90% du total des coûts éligibles. Date limite de candidature : 28 février

France

Zéro artificialisation nette : le Cese plaide pour le maintien du calendrier en réponse aux élus qui réclament un nouveau moratoire : Plus question de tergiverser sur la mise en place du zéro artificialisation nette (ZAN, l’artificialisation a augmenté de 57.600 hectares en moyenne par an entre 1982 et 2019). « La préservation, quantitative et qualitative, du sol constitue un enjeu majeur, qui appelle des actions volontaristes et urgentes« , Le Conseil économique, social et environnemental (Cese) a adopté à une grande majorité un avis intitulé « Du sol au foncier, des fonctions aux usages, quelle politique foncière ? »Il demande de  procéder sans tarder à la révision des documents d’urbanisme pour engager la transition vers le zéro artificialisation nette (ZAN) d’ici 2050, insiste le Cese, prônant un point d’étape dès 2026, par Sraddet et proposant de réhabiliter la valeur du sol, « trop souvent considéré comme une ressource illimitée », et d’accorder à cette valeur sa gestion et le partage de ses usages, « sachant qu’il ne suffit pas d’ôter le béton pour rétablir les fonctions écosystémiques du sol. » En savoir plus : , https://www.enmetamorphose.com/?p=4654
Sécheresse hivernale : la pluie se fait attendre                                Aucun véritable épisode pluvieux généralisé n’a concerné la France depuis le 21 janvier : même dans les zones qui bénéficiaient d’un très bon niveau d’humidité des sols mi-janvier, comme la Bretagne, avec la persistance d’un temps calme et sec, ces régions vont atteindre des niveaux d’humidité inquiétants, parfois proches des records. En cause, la succession de périodes anticycloniques, avec de plus un vent d’est qui assèche les sols ces jours-ci. Au niveau des nappes phréatiques, plus en profondeur, le BRGM précise le 13 janvier dernier que « la recharge des nappes phréatiques reste peu intense. Plus des trois-quarts des nappes demeurent sous les normales mensuelles ». Les niveaux sont nettement inférieurs à ceux de l’année dernière à la même époque.                                                                          Côté précipitations, tout peut encore basculer d’ici l’été. Il faut juste espérer que la suite de 2023 ne suive pas le même scénario que celui de 2022, car dans ce cas, au vu de la sécheresse hivernale actuelle, les conséquences s’annonceraient encore plus graves.

Occitanie /Montpellier

ZFEm :

Montpellier a fait partie des métropoles pionnières en matière de ZFE (zone à faible émission) Cette mesure devient désormais obligatoire pour l’ensemble des villes de plus de 150.000 habitants. Il ne suffit pas d’aller vite, et c’est peut-être ce qui s’est passé pour Montpellier, cette mesure attirant la colère des péri urbains et des précaires. Un atelier débat s’est tenu sur le sujet à l’initiative de l’association équilibre des énergies https://www.equilibredesenergies.org, dont le président est Brice Lalonde.

Cette mesure est indispensable en termes de santé publique (il est inimaginable de voir 40.000 personnes décéder par an du fait de la pollution atmosphérique) Nous reviendrons plus longuement sur cette question dans notre émission du 24 mars, 18h, sur Divergence FM.

De la défense de la bouvine aux discours de l’extrême

En publiant une tribune dans le Monde qui demandait une réforme des pratiques entourant la bouvine (ou bouvino en provençal : nom donné aux jeux et spectacles autour de la course camarguaise et aux lâchers de taureaux organisés dans les villages) les personnalités politiques et les associations animalistes ne s’attendaient sans doute pas à la levée de bouclier du samedi 11 février à Montpellier. Ils ont réussi à faire venir la Camargue à Montpellier ! Un exploit

Rien à voir a priori avec la corrida venue d’Espagne à l’époque de la reine Victoria : dans la bouvine aucune mise à mort, juste une coutume du sud de la France, de Bayonne à Saint Remy.

Mais c’est par intérêt politique que les deux furent associées.

Eddine Ariztegui du parti animaliste et élu de Montpellier, n’a jamais demandé l’interdiction de la bouvine, juste de supprimer « les pratiques les plus génératrices de souffrance pour les animaux » : la ferrade (marquage au fer rouge) l’escoussure (l’entaille de l’oreille des jeunes veaux) et surtout les méthodes de stérilisation réalisées à vif .

En ce qui concerne la ferrade et l’escoussure, elles sont rendues obligatoires pour l’identification au registre du ministère de l’agriculture. Les signataires demandaient donc une remise en question de cette loi jugée par les auteurs archaïque puisque « d’autres méthodes indolores d’identification des animaux comme des médailles accrochées à l’oreille, existent »

Pour la stérilisation à vif, l’enjeu est autre. Elle existe vraiment, et les auteurs demandent « de rendre obligatoire l’anesthésie lors de la stérilisation ». Et là, les éleveurs renaclent. Pour les uns : « évidemment ça leur fait mal , mais ça dure maximum cinq minutes », pour les autres : un taureau anésthésié relaché dans un troupeau «  risque de se faire attaquer, le troupeau n’accepte pas la faiblesse » Or selon les nouvelles lois « il y a obligation de la part de l’éleveur à respecter le bien-être animal » .

Le 11Février, la foule était au rendez-vous. Cette journée qui devait voir la grande manifestation contre les retraites, commença par un long défilé de plus de 200 cavaliers et cavalières sur leur chevaux blancs avant de laisser la parole à tous ceux qui étaient venus « bouffer de l’écolo » !

Fini le politiquement correct et la défense des traditions. Place aux discours nauséabonds chasse, pêche et traditions, huant les députés européens, sifflant les végans, et les agriculteurs bio, louant l’agriculture qui « nourrit le monde » , la viande saignante, et nos beaux paysages …On était venu voir des chevaux blancs, et défendre une juste modernisation des traditions , on se retrouvait complice malgré nous d’une mise à mort de l’écologie et d’un élu.

Un amalgame qui rendra bien difficile la défense des traditions face à un universalisme redouté, quand des identitaires transforment une juste revendication en bataille extrémiste …..

DIVERGENCE 93,7 FM

« nous n’avons qu’une terre » Vendredi 12h, Samedi 19h30 et en podcast

-17 fev : Jean François Guégan, l’Institut de recherche pour le développement, UMR MIVEGEC IRD- CNRS-Université de Montpellier. Nouveaux risques , épidémiologie, moustique et réchauffement

-24 Fev : Damien Conare, SUPAGRO , nourrir le monde et agriculture locale, la première caisse alimentaire commune de France (en savoir plus : https://www.enmetamorphose.com/?p=4609)

-3 Mars : Eddine Arztegui et Bougrain Dubourg traditions et respect animal : la bouvine

-10 Mars : guerre, écologie, multilatéralisme : invité Ben Cramer politologue

NOUVELLE RUBRIQUE : EDUCATION AUX MEDIAS

Comprendre la différence entre un texte journalistique et une lettre écrite comme un édito

  • Le genre journalistique est lié au moyen dont l’information est collectée et à son mode d’écriture ou de réalisation. Faire des phrases courtes et travailler la densité ; pas de tournures inutiles du genre « il convient également de souligner », « notons encore », etc.
  • Voici les principaux genre. La brève répond en un minimum de mots aux questions essentielles : qui ? quoi ? quand ? où ? éventuellement : comment ? et pourquoi ? C’est une information sans titre sur un fait d’actualité.
  • Le reportage constitue le genre journalistique par excellence. Il s’agit de rapporter des informations collectées au plus près de l’événement, dans le temps comme dans l’espace. Le reporter doit s’imprégner au maximum d’un sujet : il est dans l’événement, faisant jouer tous ses sens perceptifs. Son mode d’écriture sera donc très descriptif, utilisant un vocabulaire coloré, qui donne à voir au lecteur. Celui-ci doit avoir l’impression « d’y être ».
  • L’interview consiste à interroger quelqu’un de représentatif d’un sujet, ou tout au moins quelqu’un dont les propos sont censés être significatifs. Ce genre est très approprié au souci de vulgariser car il fait appel au langage parlé et à la spontanéité. Il est donc explicatif et donne à entendre.
  • Lenquête recourt à ces trois genres. C’est plutôt l’artillerie lourde, elle vise à cerner un sujet de manière approfondie, à faire le point sur une question. Voir, entendre, comprendre.
  • L’éditorial ou « édito » donne le point de vue de l’éditeur et même celui du journal ; on dit donc qu’il engage la rédaction. C’est l’écrit plutôt officiel, parfois pompeux, qui donne à penser en tirant plutôt vers l’avenir

Et point de vue différent sur la possible éducation aux nouveaux moyens d’échanges de jacques ATTALI : « La barbarie de l’ignorance « : l’avis de jacques ATTALI devant le Sénat https://www.youtube.com/watch?v=ALkF7ejTEP8 Une vision très pessimiste qui n’est globalement pas partagée par l’AFD qui a mis en place des modules éducatifs (internet, radio, télevision…) avec l’UNESCO ou par des intellectuels français qui travaillent à contrecarrer cette vision négative. http://blog.pierre-calame.fr/post/2022/12/Dans-le-prolongement-de-Osons-les-territoires%21-un-collectif-s-organise-sur-la-r%C3%A9forme-de-la-sph%C3%A8re-de-l-%C3%A9ducation-et-de-la-formation

A LIRE

Olivier Mongin, ed seuil

« Démocratie d’en haut, démocratie d’en bas »

Les institutions ne garantissent plus le lien social, elles provoquent au contraire inégalités, divisions et violence. Alors que l’individualisme devient toujours plus radical, que l’étranger et le migrant sont perçus comme des dangers pour l’identité nationale, que le contrôle des citoyens et la violence policière s’aggravent, que les pouvoirs autoritaires et illibéraux surfent sur la vague populiste, ce livre cherche comment refaire de la politique en démocratie. 

« Nature, Culture et Inégalités » éditions Sociétés d’Ethnologie, fondation maison des sciences de l’homme Thomas Piketty

Dans une société en pleine crise environnementale et énergique et où les inégalités augmentent, ce livre, à travers des exemples et une écriture claire met finalement l’économie en perspective de la politique, de l’histoire mais aussi du genre, de l’environnement et de la nature pour donner les clefs d’un système meilleur et plus juste. Ce livre est un appel fort à une démocratisation du savoir économique qui participerait alors à une meilleure démocratisation de la société et une répartition du pouvoir grandie.

« les Ecoptimistes, remèdes à l’eco anxiété » de Dorothée Moisan (ed Seuil) Changement climatique, sixième extinction des espèces, pollutions, explosion des déchets… La partie pourrait sembler perdue. Un jour, Dorothée Moisan n’a plus supporté la perspective de l’effondrement. On ne peut vivre dans la déploration et dans l’éco-anxiété : il nous faut des ressorts, des énergies, pour faire face et agir à son niveau. Et quoi de mieux, pour se mettre le pied à l’étrier, que d’aller voir des personnalités inspirantes qui, quoique pleinement conscientes de la gravité de la situation, trouvent des raisons de vivre, d’espérer et peuvent nous les partager ? « Il y a de la joie dans la lutte ! » déclarent-ils. En mode reportage, voici donc dix portraits de figures.

AGENDA :

Du 13 au 15 février : Conférence mondiale sur la science, la technologie et l’innovation 2023 (G-STIC)

 –Le 15 février : Le Global Solutions Forum du SDSN

 –Du 1er au 2 mars :One Forest Summit

-Le 3 mars : Journée mondiale de la vie sauvage 2023

 –Le 8 mars :Journée internationale du droit des femmes

 –Du 13/15 mars :3e Conférence mondiale sur la biodiversité des sols

-14 mars : 19h café climat:  le bien- fondé de la démocratie participative

– Du 13 au 17 mars : 58e session du GIEC

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *